Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Michel
Meste (Sosa 1)
Il
s’agit des patronymes Talon, Le Prevost, Fromont et Pucelle (nous
avons déjà rencontré ce dernier dans notre
article sur Saint-Pardoux). Lorsqu’il
s’agira d’ancêtres, nous préciserons les numéros Sosa. Toutes les
données
généalogiques mentionnées ici sont accessibles en ligne sur Geneanet
(identifiant : mestenerzic), où elles sont toutes sourcées (sauf
exceptions…).
Le
couple à l’origine de cette incursion à Paris est
constitué de Guillaume Pucelle (Sosa
3336, né vers 1580) et Suzanne Talon
(Sosa 3337, née aussi à la même époque que son mari). Ils se sont
mariés à Paris en décembre 1603. Pour clarifier,
donnons les premiers éléments du micro-arbre ascendant en
question :
Marie
Lefèvre, veuve de Guillaume Pucelle, est
la mère du marié. Denise Sarde est la fille d’un premier mariage de
Claude
Vignon et Claude Sarde. Omer Talon est le frère de Suzanne (on le
reverra plus
loin). Tous les frères et sœur de Suzanne sont donc présents. Simon
Tubeuf est Avocat
au Parlement, maître des requêtes de la Reine
Elisabeth d'Autriche.
On
voit donc que les hommes de loi sont très présents dans
cette branche. Ci-contre : le blason des Pucelle.
Marie
Lefebvre
(ou Lefevre, Sosa 6673), mère de Guillaume Pucelle (Sosa
3336), est mentionnée dans l’acte suivant (Geneanet, archives) :
Baptême
de Marye Postel - Répertoire alphabétique d'Artistes et
Artisans - Marquis Léon de Laborde - 1563 - le lundi 15 septembre 1563,
fut
baptisée Marie Postel, fille de Jehan Postel M° Imprimeur, demeurant
rue des
Vieils Augustin, Paroisse Saint- Eustache, et d'Henriette Lecoq, sa
femme. Fut
le parrain, Severin Fleury, Sergent en la justice de Saint Germain des
Près. Et
Marraines, Claude et Marie Lefebvre,
filles de Monsieur le commissaire Lefebvre. Ladite Claude, femme de
Jehan Bude,
procureur au Châtelet et ladite Marie, femme de Guillaume
Pucelle procureur en Parlement - Archives de Paris - Collection
Laborde, Lettre Pois-Pot.
Marguerite
Pucelle,
sœur de Guillaume (Sosa 6672),
a été mariée 2 fois. Son premier mari, Claude
Husson, était procureur au Châtelet de Paris. On retrouve leurs
traces dans
les archives (Geneanet,
archives)
:
17/10/1612,
Paris. Inventaire après décès de feu Me Claude
HUSSON, vivant procureur au Châtelet de Paris, à la requête
d'honorable
femme Marguerite PUCELLE, sa veuve,
demeurant rue des Noyers, paroisse Saint-Benoît, au nom et comme
exécutrice du
testament, ordonnances et dernières volontés dudit défunt, aussi à la
requête
de noble homme Me Jean DUBOYS, avocat en la Cour de Parlement demeurant
rue
Saint-Jacques, paroisse Saint-Séverin, au nom et comme tuteur et
curateur le
jour d'hier créé en justice au Châtelet de Paris aux personnes et biens
de
Jacqueline, âgée de 15 ans ou environ, Elisabeth, âgée de 13 ans ou
environ,
Marie, âgée de 8 ans ou environ et Claude HUSSON, âgé de 6 ans ou
environ, tous
enfants mineurs d'ans dudit défunt et de feue Eléonore ROCHON, jadis sa
femme,
et en la présence de Me Guillaume BAULART, procureur audit Châtelet,
subrogé
tuteur desdits mineurs, à la conservation des droits des parties et de
qui il
appartiendra, fut et a été par Jacques Fardeau et Antoine de
Montroussel,
notaires, fait description et inventaire de tous et chacuns les biens
meubles,
ustensiles d'hôtel, argent monnayé et non monnayé, lettres, titres,
papiers et
enseignements et autres choses délaissés après le décès dudit défunt
HUSSON.
[Minutes
et répertoires du notaire Antoine de MONROUSSEL, 30 avril 1609 - 1639
(étude
CIX)]
On
reste toujours sur les hommes de loi.
Talon :
famille illustre dans la robe. Suivant les mémoires de cette famille,
elle tire
son origine d’Irlande, où on prétend qu’elle a possédé des terres et
des places
considérables.
Malheureusement, ces assertions sont erronées. Il est en
effet impossible d’admettre qu’Omer Talon, né en 1510, fût le second
fils d’un
colonel au service de Carles IX, qui ne parvint au trône qu’en 1560.
On
reste dans les hommes de loi !
La
sœur de Suzanne : Marie Talon a épousé Simon
Tubeuf, Avocat au Parlement et
maître des Requêtes de la reine Elisabeth
d’Autriche (épouse de Charles IX).
Les
parents de Suzanne étaient Jean II Talon (Sosa 6674),
Procureur au Parlement de Paris, et Claude Vignon (Sosa
6675, qui s’était
mariée une première fois avec Claude Sarde, lui aussi Procureur). Parmi
ses
oncles, signalons Omer Talon (né en
1510 à Amiens), Professeur de Rhétorique à l’Université de Paris, qui a
écrit
plusieurs ouvrages, dont un recueil publié à Bâle.
Ce
dernier a été très ami (il l’appelait son
« frère ») avec Pierre de la
Ramée (dit Ramus, né vers 1515),
logicien, philosophe français converti au calvinisme
qui fut assassiné durant les massacres de la Saint-Barthélemy.
Ramus fut un des plus grands savants humanistes
du XVIème siècle. Lui, Omer Talon et
Barthélemy Alexandre enseignèrent
dans plusieurs collèges de l’Université de Paris et sont à l’origine de
plusieurs réformes de l’enseignement concernant la rhétorique, la
philosophie
et les mathématiques (voir l’article de Wikipedia
sur Pierre de la Ramée).
Le
grand-père de Suzanne était Jean Talon, laboureur,
Lieutenant de Justice à Rosières (Picardie).
Pour
terminer, citons un passage du chapitre « La mise
en place d’un réseau de parentèle » dans l’ouvrage de Charles
Frostin : « Les Ponchartrain ministres de Louis
XIV » :
« … Il ne fait guère de doute, en
effet, que la famille Talon au sens le plus large, y compris les
apparentés,
ait formé un milieu résolument acquis au gallicanisme
et, au moins dans une certaine mesure, réceptif aux influences jansénistes. ».
Visualisons la fratrie de Marie Le Prevost avec ses parents et ascendants (dans chaque case figure le n° Sosa) :
On
remarquera que, parmi les frères de Marie Le Prevost,
plusieurs sont dits « seigneur d’Andilly ». Ce titre venant
de leur
mère, nous en discuterons dans le chapitre suivant consacré aux Fromont.
Commençons
par les pages que l’on trouve sur la famille Le Prevost
aux XVème et XVIème siècles
dans Les tombeaux des personnes illustres
(par Le Laboureur, 1642, pages 320 et suivantes) disponible sur
internet à
l’adresse : https://books.google.fr/books/about/Les_tombeaux_des_personnes_illustres.html?id=ArZQAAAAcAAJ&redir_esc=y,
et
trouvé dans l’arbre de Pauline Aury (Geneanet).
« … Cette maison
des Le Prevost est fort noble et
fort ancienne, c’est pourquoi j’en donnerai ici la généalogie que j’ai
recouvrée avec grande peine ; elle est originaire des Flandres,
à ce que tiennent tous ceux qui en sont issus ; et
ce qui rend cette opinion probable est que les premiers que j’ai pu
découvrir
de cette maison étaient au service des Ducs de Bourgogne, Comtes de
Flandre.
Ils assurent aussi pour certains ce nom de Prevost leur être demeuré à
cause
d’une charge de Prevost longuement exercée par ceux de cette maison,
qui à cause
de cette qualité qui leur était héréditaire furent plus ordinairement
surnommés
du nom de Prevost que de celui de Gadifer,
qui était leur surnom. Il suffirait pour faire remarquer leur noblesse,
de dire
que deux de cette maison ont été reçus Chevalier
de Malte ; et que nos Rois en contemplation de leur ancienne
noblesse
ont permis à quelques-uns, et à cause d’eux à toute la famille,
d’exercer la
charge de Procureur en la Chambre des
Comptes de Paris, comme en témoignent les lettres données à Melun
par le
Roi Louis XII, le sixième jour de
septembre l’an mil cinq cents, scellées du grand sceau, et vérifiées et
approuvées par les généraux des Aides en faveur de Jean Le
Prevost, par lesquelles il est porté expressément, qu’il
était noble né de père et de mère, lesquels parce qu’ils n’avaient pas
de
grands biens et chevances, et étaient chargés de plusieurs enfants,
dont quatre
fils, il était contraint d’exercer la charge de Procureur des Comptes
[…].
Semblables lettres furent depuis obtenues du Roi Henri II
du vingt sixième jour de mars mil cinq cents cinquante,
qui contiennent aussi que les Le Prevost étaient d’ancienne noblesse.
Le Roi Charles IX, fils de Henri, en donna
aussi d’autres en faveur des descendants de ce Jean […].
Jean
Le
Prevost (Sosa
26702), marié à Jeanne
Fromont (Sosa 26703) et père de Marie, était Procureur en la Chambre
des
Comptes, Seigneur d'Eaubonne et d'Andilly-le-bas, Receveur du
bailliage de
Senlis. Il acquiert par héritage de sa femme, les seigneuries
d’Andilly,
Eaubonne, Boissy. La famille alliée aux Le Laboureur est décrite dans
les
Tombeaux des Personnes Illustres de Jean Le Laboureur, probablement
dans la
Chesnaye Dubois. Du couple Jean Le Prévost et Jeanne Fromont sont
notamment
issus une partie de la famille Lefevre tant d’Eaubonne que d’Ormesson,
dont est
issu Olivier juge de Fouquet et l'académicien Jean d’Ormesson
[voir
Geneanet. Arbre de Pauline Aury].
Son
arrière-grand-père Philippe
Le Prevost (Sosa 213616) était Chevalier de l’Ordre
de Saint-Jean de Jérusalem,
appelé aussi Ordre des Hospitaliers (Chevalier
de Malte).
Un
peu d’histoire (Wikipedia) :
« Ordre
de Malte» est le nom communément donné à l'ordre des chevaliers-hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem, créé à la fin
du XIème siècle pour subvenir aux besoins des pèlerins en Terre sainte
et
rapidement transformé en ordre militaire, à l'instar des templiers,
pour défendre les États latins menacés par la
contre-offensive des musulmans.
En 1291, à
la chute de Saint-Jean-d'Acre, qui
consacrait le retrait des chrétiens de Palestine, les hospitaliers se
replièrent d'abord sur Chypre puis, en 1309, sur Rhodes. C'est sur mer
qu'ils
allaient désormais combattre l'islam, en attaquant ses côtes et ses
navires
dans toute la Méditerranée orientale.
Le
frère de Philippe, Jean Le Prevost, était lui aussi Chevalier de Malte,
et
Valet de Chambre des ducs Jean et Philippe de Bourgogne.
Nous
avons vu ci-dessus que la mère de Marie
Le Prevost (Sosa 13351) était Jeanne
Fromont (Sosa 26703). Un petit arbre pour commencer (avec les
numéros Sosa) :
Il
va être question ci-dessous des seigneurs d’Andilly.
Précisons qu’Andilly est
un village du Val-d’Oise, mitoyen
avec la forêt de Montmorency, à quelques kilomètres au nord de Paris.
… Parmi les manuscrits de M. Dupuy est un
catalogue du XIII siécle, qui renferme les noms et Seigneuries de ceux
de la
Chatellenie qui relevoient du Roi, avec ce titre : Isti sunt de
Castellania Parisiensi tenentes a Domino Rege. Dans ce nombre est
marqué Radulphus
de Andeli. Mais environ dans le même
temps, un Thibaud de Bruyeres, Chevalier, avoit une Seigneurie à Andilly, puisque ce fut lui qui
amortit en 1244 le bien qu'y eurent Ies Moines du Val.
Un des successeurs de ces Seigneurs s'étant trouvé dérangé dans ses
affaires,
sa Terre fut adjugée en 1426, par decret, à Jean Fromont,
Seigneur de Boissi, Clerc du Roi en la Chambre des
Comptes. Il avoit épousé Isabeau, fille de François de Blandeque,
Sergent d'armes du Roi; ils sont inhumés tous les deux à
Saint Germain l'Auxerrois, en la Chapelle de S. Michel. Guillaume
Fromont, fils de Jean, lui succéda dans ses Seigneuries.
Il eut une fille nommée Jeanne, qui les porta en mariage, l'an 1497, à Jean le Prevost, Procureur en la
Chambre des Comptes. Leurs fils Claude et Guillaume partagèrent depuis
la terre
d'Andilly. Claude eut
Andilly le haut, duquel son fils
Claude hérita, puis le petit-fils du même nom; ensuite le fils de ce
dernier,
nommé Charles, étant mort sans enfans mâles, au retour de l'armée, sa
part dans
la Seigneurie d'Andilly échut aux filles du même Charles. Guillaume le
Prevost
marié à Antoinette Braque, et qui avoit eu dans son lot Andilly le bas,
eut entr'autres enfans
Robert le Prevost, lequel vendit cette portion à Antoine Arnaud, Avocat
en la
Cour. J'ai tiré ce détail des Seigneurs d'Andilly, d'un livre du sieur Le Laboureur qui avoit étudié
spécialement cette matiere, à cause des Braques desquels il étoit
allié, et à
cause du voisinage de Montmorency
dont il étoit Bailli.
C’est
grâce à la fois aux archives
rendues accessibles récemment dans Geneanet, mais aussi aux
généalogistes qui
ont accepté de mettre leur arbre et sources à disposition de la
collectivité,
que nous avons pu réaliser cette incursion dans Paris dans les milieux
de la
justice ; celle-ci étant associée à une remontée dans le temps,
mais aussi
à une proximité avec quelques personnages de l’histoire de France, elle
a
conforté la grande variété des profils de nos ancêtres, ce qui ne peut
que nous
réjouir.