Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Catherine Meste-Nerzic (Sosa 1)
Quelle
surprise ce 23 juin 2018 : j’ai enfin
trouvé les parents alsaciens de mon ancêtre Jacques Thomas Mazier !
Mon
arrière-grand-père Jacques Thomas Mazier est le fils du normand Thomas Jean Mazier Sosa 28 (soldat
d’Empire). Ce dernier, en garnison à Neuf-Brisach, épouse le 9.4.1822
une alsacienne
Marie Catherine HERTZOG Sosa 29, et
légitime à cette occasion la naissance de leur fille Julie Catherine
née avant
mariage le 31.10.1821. Leur fils Jacques Thomas mon ancêtre (Sosa 14)
naîtra à
la Rochelle où son père était devenu douanier. Thomas Jean recevra la
Légion
d’Honneur et mourra aux Invalides en 1865.
Marie
Catherine HERTZOG
Sosa 29, née à Sallanches (Haute-Savoie) le
24.11.1802, mariée à Neuf-Brisach comme vu ci-dessus, se déplacera au
gré des
postes de son époux, et divorcera en 1840 ; j’ai perdu sa trace
ensuite.
Je n’ai pu encore obtenir le dossier militaire de son
père Jacques (ou Jean Jacques) HERTZOG
Sosa 58. Son acte de décès à 60
ans dans l’hôpital de Neuf-Brisach le 26.7.1815 précise qu’il est natif
d’Eguisheim,
gendarme à cheval à la retraite, et époux d’Anne-Marie Althuser. Je
n’ai pu
encore trouver ni son acte de naissance, ni son acte de mariage.
Marie Catherine Hertzog est le second enfant de Jacques
Hertzog et Anne-Marie ALTHUSER. Je
n’ai pas trouvé de mariage pour Anne Marie Althuser Sosa 59 ; mais
elle a
eu un enfant
naturel, François Althuser né le
17.4.1792 à Neuf-Brisach.
Pour rappeler le contexte historique :
Le
26
avril 1792, la future Marseillaise est chantée pour la première
fois à
Strasbourg par son compositeur Claude
Joseph Rouget de Lisle.
En
septembre 1792, des détachements de la Garde
Nationale
du
Haut-Rhin prennent Montbéliard,
capitale d'un comté de la maison de Wurtemberg. Ce même mois a lieu la bataille
de Valmy
qui voit la victoire des troupes françaises.
En
1798, Mulhouse,
alors alliée à la Confédération
suisse,
vote
sa Réunion
à la République
française,
qui a lieu le 4
janvier
1798,
à
l'époque du Directoire.
La Stadtrepublik
Mülhausen devient la commune de Mulhausen. L'Alsace est à
présent
intégralement française.
La
rencontre de mes ancêtres alsaciens Jacques et
Anne-Marie a eu lieu durant la Révolution (ci-contre le cannonage de
Vieux-Brisach depuis Neuf-Brisach en 1793. Gravure de Martin dans
Wikipedia). Depuis la fin du XVIIème, la
Province d’Alsace appartenait au Royaume de France (excepté Mulhouse,
république protestante alliée à la Confédération suisse). A la
Révolution, à
côté des deux départements : Haut-Rhin et Bas-Rhin, est créé un autre
département (éphémère), celui du Mont-Terrible, à partir de l’évêché de
Bâle et
de la principauté de Montbéliard : sous le Consulat en 1800, il
sera
incorporé au département du Haut-Rhin. C’est à Laufen dans ce
territoire du
Mont-Terrible, que naît en 1801 François HERTZOG premier enfant de
Jacques et
Anne-Marie.
Leur deuxième enfant, ma Sosa Marie Catherine HERTZOG naît en 1802 à Sallanches (Haute-Savoie aujourd’hui) également dans un territoire annexé temporairement à la Révolution.
Le territoire de l'actuel du
département
de la Haute-Savoie a fait partie jusqu'en 1860 d'un État indépendant
constitué et gouverné depuis le XIe siècle
par la Maison de
Savoie, les États de
Savoie. Cette
famille
de grands féodaux a fondé sa puissance sur le contrôle des routes et
des cols à
travers les Alpes, et son association
particulièrement avec la maison
de Bourgogne,
avec la papauté,
avec les empereurs germaniques et même avec le royaume de France à qui elle a donné plusieurs
de ses fils et de ses filles.
Trois territoires composent le département et ont été contrôlés peu à
peu par
les Savoie : le Genevois, issu de l'ancien comté de
Genève ; le Faucigny le long de la vallée de l'Arve,
une ancienne baronnie et ses puissants
seigneurs, et le Chablais.
Bloqués à l'ouest par la
puissance des
rois de France, les princes de Savoie ont fortifié leurs possessions
dans la
région autour du comté, puis du duché de
Savoie, avant de
déplacer leur centre d'intérêt vers le Piémont et toute l'Italie du Nord,
pour obtenir
un titre royal avec le royaume
dit de Piémont-Sardaigne,
élément prépondérant de l'unité italienne.
Lors de la Révolution
française, le
territoire savoyard est uni à la France en 1792. Le duché de Savoie devient
le département
du Mont-Blanc et
est divisé
en sept districts (Annecy, Carouge, Chambéry, Cluses, Moûtiers, Saint-Jean-de-Maurienne et Thonon). Avec l'annexion de Genève,
la partie
Nord (Nord du Genevois, Faucigny, Chablais) et la cité de Calvin
forment le département
du Léman (1798).
La Maison de Savoie retrouve l'ensemble de ses possessions d'avant la période révolutionnaire en 1815, jusqu’au traité de Turin et après un plébiscite en 1860, Le duché de Savoie est alors annexé à la France (source : wikipedia).
C’est
sur l’acte de décès d’Anne
Marie ALTHUSER le 12.2.1843 à Neuf-Brisach (elle est dite fileuse), que
l’on
trouve la date de sa naissance à Artzenheim le 1.12.1767 ; elle
est la
fille de Ferdinand Althuser et de Anne
Marie MÜLLER (Sosa 118 et 119).
C’est
alors qu’entrent en jeu les généalogistes de
geneanet qui ont trouvé les ancêtres de Anne Marie Müller. D’après les
travaux
de Pierre Marck et le blog de Anne Ludwig, Anne Marie Müller est la
descendante
de Marie Jacobée von KAGENECK, jeune fille noble dont la conduite a
amené la
communauté à la marier à un militaire, non noble, originaire de
Champagne :
Jean Utard, ou Houdard (l’orthographe varie, nous sommes en 1640).
Ci-dessous, l’ascendance sur 4 générations du père d’Anne Marie Müller :
On
y apprend que, baptisée protestante,
Marie Jacobée von KAGENECK
Sosa 1909
est la fille de Rodolphe-Guillaume von KAGENECK et de
Marthe LINCK von THURNBURG, Sosa 3818 et 3819). Voir l'acte ci-dessous
.
Rodolphe-Guillaume
est le fils de Jean-Frédéric,
bailli de la seigneurie de Hohenlandsberg ; il a fait des études de
droit à
l'Université d'Orléans, où il a été enregistré en 1605. Marthe est la
fille de
Sébastien-Guillaume LINCK von THURNBURG, Stettmeister de Colmar et un
des
principaux responsables de l'entrée du protestantisme à Colmar.
Rodolphe-Guillaume est décédé dès 1621, alors qu'il ne
devait avoir que 35 ans.
Sa veuve s'est remariée quelques années plus tard avec le seigneur
Jean-Jacques
von RUST, appartenant à une importante famille noble de la
Haute-Alsace. Ci-contre, le blason des Kageneck.
Durant
la Guerre de 30 ans (1618-1648), Colmar fut occupée par les français,
et c'est
à cette occasion que Marie-Jacobée eut en 1638 un enfant illégitime
(Elias),
dont le père était Elias MEPA, capitaine des mousquetaires à Colmar,
qui
s'était engagé à épouser la jeune fille dès que les hostilités auraient
cessé. Mais
avant qu’il ne revienne, Jean-Jacques de CLAUSIER a été nommé en 1638
en tant
que vice-commandant militaire de Colmar ; il habitait chez le
noble
Jean-Jacques von RUST. C'est à cette occasion que Marie-Jacobée céda à
ses
avances et eut un second fils illégitime de lui. Cette affaire fit
grand bruit
à Colmar.
Cependant,
comme il s'agissait du vice-commandant militaire de Colmar, on fit
appel
d'abord à Monsieur de Montausier, gouverneur de la Haute-Alsace, afin
de lui
demander son avis. Celui-ci répondit qu'il ne fallait rien faire et
qu'il
viendrait prochainement à Colmar, accompagné de l'intendant d'Alsace,
pour
trouver une solution convenable à cette affaire. La solution qui fut
trouvée
semble être la suivante : Marie-Jacobée, qui était protestante,
dut se
convertir au catholicisme, et on lui imposa un mari en la personne de Jean HOUDART, militaire d'origine
champenoise, 30 ans,
sergent au château de Horbourg.
Le beau-père de Marie Jacobée, Jean Frédéric von Rust
donna des terres sur le ban de Riedwihr au jeune couple. Jean
Oudart
devint prévôt du village. Quatre enfants : Marie Ursule, Jean-Louis
UTARD Sosa 954, Anne Barbe, Madeleine, naquirent de
cette union, et furent les ancêtres souches de nombreuses familles du
Ried. (Le Grand Ried est
une région alsacienne
bordée à l'Ouest par l'Ill
et à
l'Est par le Rhin
et
qui se situe entre Strasbourg
et Colmar,
il a
été modelé
par
les divagations du Rhin
et de
l'Ill
dans sa zone d'épandage, avant sa
canalisation. Voir carte plus haut). Marie-Jacobée a donc
été exilée dans un petit
village, alors que sa naissance la prédestinait à une vie confortable
parmi la
haute société. D’après Pierre Marck : on
ignore si la vie de Marie-Jacobée fut heureuse, toujours est-il qu'elle
permet
aux descendants des UTARD d'avoir une ascendance prestigieuse, aussi
bien dans
les familles nobles d'Alsace que dans toutes les familles comtales,
princières
et royales d'Europe, grâce aux comtes de Fürstenberg et aux comtes de
Ferrette.
Jean-Louis Utard Sosa 954, fils de
Maria Jacobée et de Jean Houdart, né à Riedwihr le 28.2.1647, sera le
premier à
porter le patronyme germanisé "UTARD". Il deviendra prévôt de RIEDWIHR,
village appartenant à Jean Jacques RUST. Jean- Louis épouse vers 1670
Anna
Barbe ERHARDT, de Holtzwihr, dont il aura 10 enfants connus : leur
fille Madeleine Sosa 477 née vers 1675,
décédée en 1743 à Elsenheim, épouse en 1696 à Elsenheim Jean MÜLLER (5
enfants)
puis en 1714 André GSELL (1 enfant). C’est leur petite fille Anne Marie MÜLLER Sosa 119 qui épousera
le 5.3.1753 à Artzenheim Ferdinand Althuser. Et c’est leur
arrière-petite-fille
Anne Marie ALTHUSER Sosa 59 qui
épousera au moment de la Révolution Jean Jacques Hertzog, né en 1792.
Ci-dessous,
la maison (construite en 1727) à Riedwihr de Jean Utard
(fils de Jean-louis et de Anna Barbe Erhardt, et petit-fils de
Marie-Jacobée von Kageneck)
( blog Colmar-city.over-blog.com/)
Les ancêtres nobles de Marie Jacobée
nous relient aux grands personnages de l’histoire européenne avec
l’arrivée des
Francs et des Normands. Charlemagne est un ancêtre de Marie Jacobée. La
généalogie des familles nobles et a fortiori
des familles princières est
bien connue. Nombreux sont les
descendants de Charlemagne qui ont publié des généalogies détaillées et
argumentées prouvant la véracité de leur lignée : je n’ai eu qu’à
emprunter leur travail en utilisant les données des livres d’histoire
et de
wikipedia sur internet. C’est ainsi que je puis retracer la place de
certains
de nos ancêtres dans l’histoire de l’Alsace.
Les Celtes d’Alsace avaient été soumis par les Romains
qui leur apportèrent la vigne ; les Romains furent à leur tour
battus par
les Alamans qui apportèrent leur langue aux alsaciens. Mon ancêtre
Clovis enfin
soumet les Alamans, l’Alsace est incorporée au Royaume franc, puis en
511, à la
mort de Clovis, au Royaume d’Austrasie.
Les Francs donnent une administration à l’Alsace vers 650,
avec à sa tête des ducs. Jusqu’à Pépin le Bref à la fin du VIIIème,
Sosa de la génération
44, l’Alsace reste un duché. En 870 par le traité de Meerseen, Charles
le
Chauve et Louis le germanique se partagent la Lotharingie :
l’Alsace sera
rattachée au Saint-Empire romain germanique durant 700 ans.
Dans le même temps, dès le VIIème siècle et jusqu’au
XIème, l’Alsace avait été divisée en deux comtés : le Nordgau et
le
Sundgau, approximativement et respectivement Bas-Rhin et Haut-Rhin. Les
comtes
sont des magistrats nommés par l’empereur ; ils exercent une
charge
temporaire ; ils sont issus des fils d’Ethicon 1er pour
le
Nordgau et d’Adalric 1er pour le Sundgau. Parmi nos
ancêtres :
des ducs et comtes d’Alsace.
Par la suite, on ne voit plus apparaître dans le Sündgau
aucun comte qui ne soit de la dynastie des Habsbourg. Vers la fin du
XIe
siècle, quand la puissance des empereurs vint à décroître, les
possesseurs des
fiefs et des dignités commencèrent à transmettre leurs offices à leurs
descendants et à titre héréditaire. C'est ainsi que les comtes de
Habsbourg,
qui administraient alors la charge de comte dans l'Alsace supérieure,
se
l'approprièrent à tout jamais et la rattachèrent à l'empire par le lien
de
féodalité. C'est en Alsace que sont nés les ancêtres de la
puissante
dynastie des Habsbourg
qui régnèrent en maîtres, plusieurs siècles durant, sur toute l'Europe
centrale.
Le XIème siècle voit l’essor des villes et des monastères
sous la protection de la Souabe et des Hohenstauffen (certains sont nos
ancêtres).
Au XVème c’est l’arrivée de la Réforme et l’essor de la
Décapole.
La Décapole
(en allemand :
Zehnstädtebund
ou Dekapolis)
était l'alliance de dix villes
alsaciennes libres au
sein
du Saint-Empire
romain germanique
en
une ligue fondée en 1354
et
dissoute en 1679.
En 1515 la République de Mulhouse, alliée à une confédération suisse,
abandonne la Décapole, adhère à la Réforme se séparant du reste de
l’Alsace pour plusieurs siècles ; les mulhousiens ne feront pas
partie du
Royaume de France. Catholiques et juifs doivent quitter la ville, qui
constitue
une enclave réformée dans un territoire appartenant aux Habsbourg
catholiques
(aussi nos ancêtres).
Elle frappe lourdement la région, l'Alsace est
pillée à de nombreuses reprises, les massacres s'enchaînent, les
villages sont
rasés et brûlés, la famine se répand et la peste touche la région, la
population fuit les villes et villages pour se réfugier dans les Vosges
et dans
les grandes forêts alsaciennes, environ 60 % de la population
alsacienne
est décimée. L'économie est anéantie. La République de Mulhouse, qui
comprend
également Illzach
et Modenheim,
est épargnée grâce à son statut de cité-État.
Elle accueille massivement des réfugiés alsaciens dont le nombre est
alors bien
supérieur à celui des Mulhousiens. Le repeuplement sera conforté par
l'arrivée
de migrants suisses dont l'anthroponymie garde le souvenir :
Schweitz.
Nous
avons vu que c’’est à
cette période que vit Marie Jacobée. En 1648, le traité de Münster clôt
la
guerre, puis par le traité de Ryswick en 1697 les 4/5 de l’Alsace
reviennent à
la France.
En 1789, disparition de la province d’Alsace, création de
deux départements et d’un seul diocèse, rattachement de Mulhouse à la
France. Nous
avons vu que c’est à ce moment que je me rattache à l’histoire de
l’Alsace par
Jacques Hertzog, gendarme à cheval à l’époque de Bonaparte.
Parmi
les ancêtres que m’a
donnés Marie Jacobée, il y a donc des rois des Francs et des rois de
France : carolingiens, capétiens, mais pas de rois après la venue
des
Valois. Par contre les alliances matrimoniales nous amènent plus tard
dans le Saint
Empire Germanique avec les Habsbourg et les Hohenzollern, mais aussi en
Occitanie avec les comtes de Toulouse et les ducs d’Aquitaine. Il
existe ainsi
une toile d’araignée couvrant la France et l’Allemagne, constituée de
mes
nobles ancêtres Francs, tous apparentés.
Les ancêtres que j’ai découverts dans les registres paroissiaux (en gros depuis 1600) sont plutôt descendants des Celtes, serfs ou libres sous la domination de chefs celtes, dominés à leur tour par les envahisseurs Francs. Un plafond de verre, rarement brisé, sépare les deux mondes.
Ci-dessous,
une carte de la région de Colmar, avec les commune mentionnées
ci-dessus : Eguisheim, Artzenheim, Neuf-Brisach et Vieux-Brisach (de
l'autre côté du Rhin).