Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Catherine
Meste-Nerzic (Sosa 1)
Toutes
les données généalogiques ci-dessous peuvent être trouvées dans
Geneanet
(identifiant mestenerzic).
Nous
voulons ici préciser les
relations entre mes ancêtres Nerzic et quelques familles de Bannalec, à
partir
de diverses données d’archives du XVIIème. C’est la publication d’Yves du Plessis dans le Bulletin de
la Société Archéologique du Finistère de 1970 qui nous a amenés à nous
y
intéresser. Il y décrit « l’aimable
société » que constituent à Bannalec plusieurs générations de
notaires
et d’avocats. Ils ont noms : Laënnec, Nerzic, Le Roy, Le Bossu, Le
Dorneuff, Le Rumain, Morillon, Houssin et tous participent à la
juridiction de
Quimerc’h, sous les hauts et puissants seigneurs de Tinténiac.
Nous
avons déjà publié la généalogie de François Nerzic (Sosa 256) ménager à
Bannalec (voir genealogie.mestenerzic.fr).
Notre patronyme se retrouve principalement depuis 1450 au village de
Trémeur en
Bannalec, d’après les travaux de J-Y Plourin et P. Hollocou. Nous avons
montré
quelle pouvait être la famille de François : petit-fils de
Guillaume
Nerzic, fils de Michel, il a pour oncles et tante René, Charles
(prêtre), Catherine
et Vincent. Pour aucun d’entre eux nous n’avons trouvé d’acte de
baptême. En
effet, dans les registres paroissiaux de Bannalec, les actes de baptême
débutent seulement en 1621, et une lacune existe entre 1632 et
1670 ; les
actes de mariages commencent seulement en 1648. C’est en nous basant
sur des
actes notariés, des aveux et des actes de tutelle (série B) que nous
avons
réalisé l’arbre généalogique de François.
La
carte IGN permet de situer
Bannalec, important relais commercial pour la région au XVIème XVIIème
siècle,
avec le port de Concarneau.
Bannalec
est aussi le centre
de la juridiction autour du Marquis de Tinténiac dans son château de
Quimerc’h.
La carte de Cassini du XVIIIème permet de situer le château et les « villages » ou hameaux, plus particulièrement Trémeur et Coatiréac. Le Brunec se trouve plus au nord proche de la rivière Isole.
La
fin du XVIème siècle avait
vu les combats de la Ligue ultra catholique contre les protestants et
le futur
roi de France Henri III Roi de Navarre, futur Henri IV de France.
Bannalec ne
resta pas en dehors de cette tourmente. Près du château de Quimerc’h,
s’opposèrent les troupes protestantes du Roi et celles de la Ligue
menées par
le duc de Mercœur ; au cours de cette bataille de 1597, périt un
notaire
de Cadol, fougueux catholique, nommé Vincent Laënnec. Ce notaire à la
cour de
Concarneau et de Rosporden, né à Cadol, est le père de Louis Laënnec,
qui
épouse à Bannalec en 1610 Jeanne Nerzic, sœur de Guillaume Nerzic,
notaire à
Bannalec.
Puis le Roi va à la messe, et tout s’apaise.
Henri IV règne de 1589 à 1610.
La
période « dorée »
va prendre fin sous le règne de Louis XIV de 1643 à sa mort en 1714.
Les
vicissitudes climatiques du « petit âge de glace » induisent
une
réduction des revenus agricoles, et touchent toutes les classes de la
société.
Par ailleurs, des professions telles qu’huissiers, avocats, notaires,
vont être
soumises à de nouvelles exigences, ce qui va toucher le
« train de
vie » de notre petite société de Bannalec.
Les
impôts augmentent, levés
pour financer les nombreuses guerres menées par Louis XIV. Les terriers
et
leurs aveux sont l’équivalent des « déclarations
d’impôts » de
notre époque. Colbert, « l’inventeur des taxes à la
consommation »
pour Marcel Kervran, crée la taxe sur les papiers timbrés, qui entraîne
la « révolte
des bonnets rouges ». Le peuple se révolte. René De Tinténiac
ouvre le
château de Quimerc’h à ceux qui sont poursuivis par la fronde, et c’est
ainsi
que naît en 1675, au château, Jeanne Renée, fille du notaire Sylvestre
Le Roy
et de Julienne Abrahamet sa femme. Ce sont des parents de Louise Renée
Morillon, tante de notre François Nerzic.
Dans
« Ressources
généalogiques du Pays de Bannalec », publication de Gérard
Baudouin (http://histoiresdeserieb.free.fr/),
nous trouvons :
« Il existe deux sortes de propriétés, la
propriété directe ou éminente et la propriété utile. Un bien peut
donc être
détenu simultanément par deux propriétaires :
-
le seigneur (concédant) qui, lorsqu’il
concède (ou afféage) des terres à un vassal, noble ou roturier, ne
possède que
la propriété directe ;
-
le tenancier à qui le bien est concédé,
et qui exploite le bien, appelé tenure, détient la propriété utile. Il
dispose
des fruits de la propriété. Lorsque le tenancier est noble, le domaine
utile
est appelé fief ; le concédant est le suzerain et le tenancier
vassal.
Lorsque le tenancier est roturier, le seigneur perçoit une redevance en
argent
et en nature (grains, volailles etc.) et peut exiger des corvées et
imposer l’usage
du moulin et du four à pain seigneurial ».
Tous
les
« propriétaires » doivent faire « un aveu »
c’est -à-dire
en langage moderne : une déclaration d’impôt. « Rendre
aveu est une obligation pénible et coûteuse pour le tenancier,
car les frais sont à sa charge », écrit Henri Sée (« Les
classes
rurales en Bretagne, du XVIème siècle à la Révolution [Annales de
Bretagne 1905
vol 21 n°2 pp.174-207]). Deux occasions nécessitent de se rendre chez
le
notaire pour rendre aveu :
-
l’achat ou l’héritage d’un bien tout d’abord, déclaration qui doit être
faite
dans un délai déterminé. Ce bien doit être décrit minutieusement :
emplacement, rapport, relation avec un tenancier, généalogie, et donne
lieu au
paiement d’une chefrente au roi ou au suzerain, et à des frais de
notaire.
- la
réformation des rôles rentiers de la seigneurie. La déclaration (ou
aveu) est
réclamée à tous les propriétaires périodiquement par le roi. C’est
l’occasion
de nouvelles dépenses : les officiers de justice peuvent condamner
à une
peine plus ou moins lourde s’ils considèrent que la déclaration est
incomplète
voire frauduleuse.
On
comprend pourquoi à Bannalec, près du château de Quimerc’h (siège de la
juridiction seigneuriale de ce territoire, voir ici),
se retrouvent tant de notaires.
Leurs revenus sont assurés.
On
trouve plusieurs
seigneuries sur le territoire de Bannalec, la plus importante étant
celle de
Quimerc’h, sous laquelle se retrouve à peu près tous les protagonistes
de notre
histoire. Au XVIIème siècle, René de Tinténiac, marquis de Quimerc’h
(fils de
Michel Colomban), marié à Louise de Guer, a un fils Joseph Hyacinthe
qui lui
succède.
L’aveu
de l’un de ces
seigneurs (ci-dessous) met bien en évidence les différents échelons de
propriété dans le domaine congéable de Cornouailles. On y retrouve
presque tous
les patronymes que nous rencontrerons plus loin autour de François
Nerzic.
En
1698, Charles René de Guer, marquis de Pontcallec,
reconnaît ce 17.10.1678 devoir au roi :
- pour
les terres de Garlouët possédées par Maitre Jean Nerzic sieur du
Garlouët, et
auparavant par René Nerzic, dont il perçoit des chefrentes chaque année
(p.159/483),
- pour
le village de Trémeur, une tenure du domaine congéable sous maître
Vincent
Laënnec et dlle Renée le Rumain, par Michel Guernalec et consorts,
(p.156 /483)
(il s’agit de Guillaume Vincent Laennec),
- pour
le village de Trémeur toujours, une tenure possédée à titre de
convenant sous
les Laënnec et sa femme, et sous dame Catherine Pégasse, dame de
Criollais, par
Charles Crenay et Marie Montfort sa femme, Guillaume le Corre et autres
(p.156).
Il
y a cette fois-ci trois
degrés depuis le marquis de Pontcallec jusqu’à Guernalec, Le Corre et
Crenay…
Ces derniers sont les cultivateurs occupant maisons et terres :
des
tenanciers, qui sont appelés « ménagers ». Mon ancêtre
François est
ménager sur des terres dont il a hérité de son père, qui le devait
lui-même à
son père et avant lui à son grand père et son arrière-grand-père…
L’auteur
de cet aveu, Charles René de Guer-Malestroit, marquis de Pontcallec,
est le frère
de Louise de Guer qui a épousé vers 1655 René de Tinténiac, seigneur de
Quimerc’h. C’est aussi le père du fameux Chrysogone Clément de
Guer-Malestroit,
marquis de Pontcallec, qui fut exécuté à Nantes le 26.3.1720 que l’on
retrouve
dans le film « Que la fête commence » de Bertrand Tavernier).
Le
tableau suivant met en évidence les liens entre plusieurs
familles, dont nous retrouvons plus loin
les patronymes , avec ou non une particule.
Nous arrivons maintenant dans le vif du sujet. Pour visualiser les différents patronymes, nous avons attribué une couleur aux plus importants, laissant en noir ceux qui le sont moins. Le patronyme Nerzic est représenté par deux familles : la mienne écrite en gris, alors que l’autre branche est écrite en rouge. Le tableau suivant visualise les liens entre les familles que nous allons énumérer plus loin :
Jan (Sosa
2048), mort vers 1620 (fils de Yvon)
a deux enfants, nés vers 1600, tous deux mes Sosa : Françoise (Sosa 3067) et Guillaume Nerzic (Sosa
1024) ; ce sont des ménagers. Françoise
épouse vers 1620 Yves Landrein. Ils ont six enfants.
Guillaume
aussi a
six enfants : n’ayant pas trouvé leurs dates de naissance, nous
les
énumérons sans être tout à fait sûrs de l’ordre chronologique.
Voici
ci-dessous réunies les signatures de Vincent, celle de sa
femme Louise Renée
Morillon. On trouve aussi la signature de son fils âgé de 12
ans Yves René
(parrain de sa sœur Véronique Louise en
1688), qui
décèdera deux ans après.
Remarquons que les enfants des
ménagers naissent dans les villages à Trémeur et au Brunec alors que
les
enfants de Vincent
naissent au
bourg de Bannalec où il demeure.
Marié
à Renée Fleury, il a deux filles : Jeanne
et Isabelle, et
un fils René, qui sera notaire.
Ils
auront trois enfants : Sylvestre
qui
épousera Julienne Abrahamet en 1664,
Jeanne et Marguerite
dont on retrouve de nombreux descendants sur Geneanet.
Leur
fils Jean, sieur
de Garlouët, se marie 2 fois et a 13 enfants dont du premier
mariage Louis, sieur de la Boissière,
avocat, maire de
Quimperlé et du second mariage Jean,
sieur de
Garlouët à son tour, procureur au Parlement de Bretagne. Ses enfants
sont
baptisés à Quimperlé paroisse st Colomban.
Il
existe de nombreux « René Nerzic »
à Bannalec, dont plusieurs curés ! Voici la signature du
notaire :
Voici
celle d’un curé :
C’est
Vincent
Nerzic, avocat, membre de ma famille de ménagers qui,
marié à Louise Renée
Morillon, fait le lien avec l’autre famille Nerzic
composée de notaires. Le travail et Plourin et Hollocou ne permet pas
de
distinguer ces deux familles Nerzic.
Nous avons déjà évoqué ci-dessus, à propos des
guerres de la Ligue, le couple Louis
Laënnec (notaire) et Jeanne
Nerzic.
On
trouve souvent la signature
de Louis Laënnec ici
avec celle de la
châtelaine Françoise de Tinténiac.
Sur
leurs terres, les Laënnec dépendent du roi comme le
montre l’aveu de Renée Marquer fille de Renée Laënnec et Jan Marquer
(procureur de
Quimper), petite fille de Louis
Laënnec et Jeanne Nerzic Elle
« fait aveu » pour le village de Querriner en Bannalec avec
plusieurs
autres propriétaires : « les
dits déclarants ne connaissent devoir aucune chefrente au Roy et être
sujets
seulement à devoir de rachat et lods le cas advenant, car leur
héritage
leur est échu de la succession de leurs auteurs décédés il y 40
ans ».
Seule signe Renée Marquer, âgée de 24 ans, en juin 1683 (p.425).
Marc
Le Roy,
procureur de Quimerc’h décédé vers 1632 ; sa signature parait sur
de
nombreux actes de baptêmes. Dans
Geneanet,
M. Rioual a fait une belle étude des Le Roy, qui nous a permis de
replacer
cette signature très fréquente :
Marc
a
quatre enfants :
« Il
est possible que les LE ROY de
Bannalec aient été des laboureurs aisés:
ils ne sont jamais déclarés nobles, leurs cadets sont ménagers ou
laboureurs Il
semble que le parcours de Sylvestre
Le Roy ait
été assez "brillant": en tout cas il s'est intégré, lui et ses
descendants, très rapidement dans le milieu aristocratique, alors que
ses
frères/soeurs se sont contentés
d'être
tenanciers de Coatiréac ; ils ont dû profiter de la possibilité de
rester
vivre au manoir de Coatiréac propriété de l'aîné Sylvestre. »
texte de Vital Le Dez sur Geneanet.
Louis
Le Bossu épouse
Isabelle Nerzic (ci-dessus).
Ils ont deux filles et un fils : Yvonne
épouse Yves Lohéac, notaire et
procureur de la baronnie de Quimerc’h, Claudine
épouse écuyer Pierre Le Dorneuff, et Yves Le Bossu
épouse Jeanne Morillon
(voir ci-après) ; tous leurs enfants naissent au bourg de
Bannalec.
3.6
Les Houssin
Senelle
Houssin épouse
en 1620 Claude Le Roy (je
n’ai pas trouvé de lien
avec les Le Roy précédents) ; ils ont
deux filles : Louise Houssin
(en
1622), et Jaquette Houssin en
1628.
Une
autre famille se joint aux précédentes René Rumin,
notaire en 1657 dans la
même juridiction, décédé en 1666, marié à Renée Le Daëron, a trois
enfants :
Notons
qu’il existe « en
Bannalec » un village nommé le Rumain.
Olivier
Morillon fils
de Mathurin, né à
Riec-sur-Belon, épouse à Bannalec le 11.7.1651 Jaquette
Houssin. Leurs enfants
La
famille de Sébastien Foulon vient du Morbihan. Son père,
Nicolas, notaire à Le Faouët, a épousé Louise Gauquelin, tous les deux
sont de
familles de notaires et de procureurs. Sébastien perd son père l’année
de sa
naissance en 1675 et sa mère l’année suivante. On retrouve Sébastien à
Bannalec
lorsqu’il épouse à 20 ans en 1696 Louise Renée Morillon veuve
de Vincent Nerzic.
On trouve à Bannalec une autre Louise Gauquelin : mariée vers 1670
à Vincent le Roy (fils
de Hervé
et Isabelle Laënnec)
elle est décédée en 1690. Je n’ai pas cherché ses liens avec l’autre
Louise,
mais sans doute s’agit-il de la même famille du Morbihan.
La
profession des notaires royaux instituée par Saint-Louis et Philippe Le
Bel au
début du XIVème siècle est organisée en 1539 par François 1er
avec
l’édit de Villers-Cotterêts. Les actes doivent être rédigés en français
alors
qu’ils étaient rédigés auparavant en latin. La charge de notaire peut
s’acquérir
en payant une taxe annuelle au roi.
C’est
avec Henri IV que l’office déjà vénal devient héréditaire grâce à
l’institution
de la « paulette », un impôt qui représentait un soixantième
du prix
de la charge et qui permettait à son détenteur de la transmettre
automatiquement à sa mort, tandis qu'auparavant, la charge revenait
entre les
mains du roi. Toutefois, l’héritier de l’office ou l’acquéreur devait
faire la
preuve qu’il avait les compétences pour exercer l’office. Si ce n’était
pas le
cas, l’héritier ou l’acquéreur devait se trouver un remplaçant
compétent.
C’est
ainsi que s’est
constituée « l’aimable société » que nous venons de décrire.
Les
charges de notaires étaient souvent achetées pour les enfants les plus
jeunes
des familles nobles puisque le droit d’aînesse les privait de
l’héritage
paternel. Les ménagers riches pouvaient aussi acheter une charge à ceux
de
leurs enfants qui avaient pu faire des études de droit. Et cette charge
était
devenue potentiellement héréditaire depuis Henri IV.
Mais
en 1664, Louis XIV limite
le nombre de notaires qui est fixé à un seul par paroisse d’au moins 60
feux.
C’est la fin de l’abondance pour le petit monde des notaires de
Bannalec.