Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Catherine Meste-Nerzic
(Sosa 1)
Ma Sosa 8067 Julianne de Bois Yvon épouse Barnabé Biolin, sieur de la Tête Noire, le 25.1.1581 à Pontorson (AD Manche page 85/384). J’ai pu retrouver la présence de ce patronyme dans d’autres archives, et je me propose ci-dessous d’exposer les résultats de mes recherches. Elles complètent un premier texte sur les Bois-Yvon que l'on peut trouver ici.
Remarques :
On
trouve dans les archives les graphies : du Bois Yvon, de Bois
Yvon, de
Boisyvon, de Bois-Yvon ; aucune d’elles ne s’impose, et elles
peuvent se
succéder dans une même famille. Une carte de situation géographique est
donnée en bas du texte.
Esclarmonde
de Bois Yvon est la marraine de Michel
Biolin, deuxième fils de Julianne de
Bois Yvon, baptisé le 6.3.1583 (AD Manche 65/384). Les parrains sont
Enguerrant
Josseaume, sieur de la Porte, et surtout Michel Calix, vénérable prêtre
du Mont
Saint Michel. En cette période de guerre de religion, Michel Calix est
l’un des
nombreux prédicateurs qui viennent porter la bonne parole (Abbé
Beuve : Pontorson sur les bords du Couesnon
page205).
Jacques de Bois-Yvon,
sieur de
la Fosse Poiley, fils de François de
Bois-Yvon et de Jeanne de Millard, épouse le 3.5.1639 à Pontorson
Renée
Tyson (AD Manche 30/86). Leurs enfants naissent à Pontorson de 1640 à
1657.
Aucun des parrains et marraines n’appartiennent à la famille Biolin.
Jacques est reconnu noble le
10.1.1635 à Avranches (Le
Nobiliaire de Normandie par Gabriel
O’Gilvy 1862 page 240/350) : Vû les titres présentés par Jacques de Bois-Yvon,
Ecuyer, Sieur de la Fosse-de-Poilley, fils
François, et pour autre Jacques, son oncle, de la paroisse de Moisdrey-sous-Pontorson ; lesdits
François et Jacques, enfants de Jean, fils Vincent, fils Guillaume, fils Richard de
Bois-Yvon, Ecuyer; ordonnance des Commissaires du 16 juin 1624; JOUIRONT
- Pallé
d'argent et d'azur de 6 pièces.
L’ouvrage précise qu’une
branche de cette famille était
versée dans le Parlement de Rouen,
dès
1570,
et que Jean du Bois-Yvon fut l'un des
Bannerets Normands à la croisade de 1096 ;
il
« brisait d'une bande de
gueules ».
On
trouve à une époque antérieure dans
les registres paroissiaux de Pontorson la naissance des enfants de
Julien
Frangeul et Jeanne : le 23.9.1581 naissait à Pontorson leur fils
Jehan
Frangeul, parrain Barnabé Biolin (Sosa
8066, époux de Julianne de Bois Yvon).
Je
n’ai pas pu établir de lien entre
les deux Julien Frangeul, ni entre tous les Bois-Yvon cités.
N’ayant
trouvé aucun parent à « Ma » Julianne de Bois Yvon, mes
recherches se
sont portées sur les documents que les membres de geneanet ou autres
internautes avaient mis à jour ; le nom avantageusement
moyen-âgeux de
Bois Yvon a attiré leur attention.
La
présence du patronyme est avérée
dans de très anciens et nombreux documents.
Les
références qui m’ont permis de
reprendre toutes celles éparses accumulées dans mes recherches
sont :
- le
volume 1er du Nobiliaire de Normandie par Gabriel
O’Gilvy datant de 1864, 350 pages (voir Gallica),
-
l’ouvrage de 341 pages de l’abbé
Beuve publié en 1946 : PONTORSON
- La
Noblesse
du Mortainais de Julien Pitard 1922 (276 pages)
-
Bibliothèque
de l’Ecole des Chartes vol.3, 1841-1842 (620 pages)
-
Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à
1790 :
Calvados. Archives civiles. Série F. Rédigé
par Armand Bénet (vol1 série
F).
Dans les Mémoires de la Société d’Archéologie,
Littérature, Sciences et Arts des arrondissements d’Avranches et de
Mortain : le Tome XI
(1892-1893) pages 349/504 :
Bois
Yvon serait le nom de l’église primitive
fondée par un seigneur Yves,
avant l’arrivée des Normands, « car
le seigneur normand qui s’établit en ce lieu prit le
nom de Bois Yvon ». Par la suite, on trouve dans
les documents plusieurs seigneurs de Bois Yvon, qui prirent part aux
croisades :
cette famille était répandue dans l’Avranchin avec les mêmes
armes : « parti d’argent et d’azur ». Ce sont les
« Bois-Yvon anciens ».
La Noblesse du Mortainais, auteur : Julien Pitard édité en 1922 page 50/276 précise :
La
seigneurie de Bois-Yvon quant
à
elle passa dans les mains de plusieurs familles :
les Gaultier de Bayeux acquirent
la terre de Guillemette de Livoye, héritière de Jeanne de Bois-Yvon,
fille de Richard dernier du nom en 1406.
Plus tard les Mesniladelée, puis les
Nollent se firent acquéreurs de la seigneurie au XVIIIème siècle.
Enfin ce
sont les nommés Jallot qui, vers 1486, sont autorisés à reprendre le nom ; ils sont ensuite
anoblis : ce sont les « Bois-Yvon
modernes ».
Mais revoyons les « anciens ».
Dans Le Pays Bas-normand ; société
historique, archéologique, littéraire, artistique et scientifique (
1913)
on retrouve des précisions sur le rôle de Jehan
de Bois-Yvon lors de la prise de Vire en aout 1368. C’est dans Persée que je trouve l’œuvre de Ernest
de Fréville : Des Grandes Compagnies
au XIVème siècle. Leurs commencement-Prise de Vire en 1368 publiée
dans la
Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 1842-3—pp.258-281.
Du Guesclin ayant placé sur le trône
de Castille Henri de Trastamare et licencié ses troupes, celles-ci,
pour la
plupart composées d’Anglais et de Gascons, rentrèrent en France ….
L’une de ces
Compagnies parvint à Châlons, demandant 14 000 francs-or au roi
Charles V
pour se retirer. On connait les noms des meneurs (patronymes très
français) et
aussi on a pu montrer qu’une « taupe » du roi de France
amena la
dissension dans la troupe, et le départ des gascons. Les anglais seuls
prirent
Vire par ruse, mais pas le château, tenu par monsieur Raoul de
Auquetonville et
sa troupe.
Des négociations avec le roi de France
sont menées par Jean Hardi, bourgeois de Vire et prisonnier des
anglais.
Plusieurs importants personnages du royaume se rendent en Normandie et
finalement un traité est trouvé puis signé le 3.9.1368 par Charles V.
Une
rançon de 2 200 francs-or est donnée pour la délivrance des 9
prisonniers
anglais aux mains de quatre gentilshommes français : messire
Guillaume le
Bastar écuyer (de Poitiers), messire Claudin
de Harenville, maréchal de Normandie, messire Jean de Harenvillier
chevalier et Guillaume Ropillart écuyer.
On connait la date du départ de la
compagnie, le 12 au soir ou le 13 au matin, puisque le 13 eut lieu la
« montre » de Jean de
Bois-Yvon nouvellement nommé capitaine de Vire par le maréchal, en
remplacement de Raoul d’Auquetonville. Ce dernier avait-il failli ?
On connait la teneur de la montre par
un document de la Bibliothèque nationale
P.O., 306.Dossier 8760, n°3 :
La
Monstre de Monsieur Jehan de Bois-Yvon, chevalier, et des gens d’armes
et
archiers armés de sa Compaignie reçue à Vire le 13ème jour
de
septembre l’an milccclxviii.
Ledit
Chevalier, cheval bay brun fondu ;
Monsieur
Guillaume Le Moigne, chevalier, cheval gris labouré devant ;
Escuiers :
Jehan
Rouault escuier, cheval brun bay estelé ;
Colin
de Juvigny, cheval fauve à raye noyre ;
Guillaume
de Juvigny, cheval blanc gris fondu ;
Berthelot
Théaut, cheval clerc bay estelé ;
Guillaume
de Samay, cheval gris moucheté ;
Le
Camus de la Fresnaye, cheval tout noyre ;
Archiers
armez :
Macien
du Moulin, cheval liart ;
Clément
le Terrier, cheval tout noyr ;
Jehan
de Juvigny, cheval fauve estelé au long.
Le pays Bas-Normand de 1913 année 6, n°2,
p119, précise que Jehan de
Bois-Yvon est capitaine et châtelain des Ville et châteaux de
Bayeux en 1337,
faisant l’intérim de Roger de Masnier seigneur de Couvrechef, chevalier
normand
qui participa à la guerre de 100 ans contre les Anglais.
On trouve
le sceau de Jehan de Bois-Yvon dans :
Inventaire des sceaux de la collection Clairambault à la Bibliothèque
Nationale, vol1, page 124, par G.Demay :
N°1177-- BOIS-YVON (Jean DU), ecuyer
du baillage de Caën
Sceau rond, de 20 mill- écu palé de 6
pièces ou bâton en bande brochant
Légende détruite
Service de guerre-quittance de
gages-Compiègne 6.9.1339 (Clair., r.16, p1167.)
N°1178 – BOIS-YVON (Jean DU),
chevalier
Sceau rond, de 20 mill- écu palé de 6
pièces à la bande brochante, dans un quadrilobe
S’IEhAn Dv BO
Guerres de Normandie –quittance de
gages Caën 28 avril 1371 (Clair., r.16, p111g.)
Les documents
recensés concernent principalement ce qui est appelé « les
Bois-Yvon modernes ». De
nombreuses liasses notariales retracent les mésaventures de cette
famille dans
les communes Bois-Yvon, Mortain et Avranches, descendante de Jehan
Jallot : le sieur de la Fontenermond et ses enfants à naître sont
anoblis
par une charte du 10.9.1471 et ont le droit de prendre le nom de
Bois-Yvon. Ils
acquièrent effectivement les terres en 1594. Ils reprennent les armes
anciennes
pleines et sans brisures : palé d’argent et d’azur de 6 pièces.
Les mariages se
font avec des familles anciennes : les Rosel, la Bellière, la
Ferrière, Auteville,
Mesniladelée. Des remariages concernent des veuves, tutrices des
enfants du
premier mariage, entrainant des conflits d’intérêt nombreux et variés,
résolus
après de nombreuses années et de nombreux actes notariés…
Les frères se
disputent les héritages et les titres : de la Chapelle, des
Essarts, de
Fontenermond, de Bois-Yvon… Un duel a lieu vers 1725 entre Louis Léonor
et
Georges : le cadet est tué, l’ainé a la tête tranchée en 1729
(d’après
Pierfit, membre de Geneanet et la liasse notariale 51).
Je trouve
pourtant dans la liasse 53 en « 1629 » : confiscation au
profit
du Roi des biens de Louis Leonard de Boisyvon, écuyer, seigneur de
Fontenermond,
condamné à avoir la tête tranchée, et de Julien et François Cousin père
et fils
condamnés à être rompus vifs. La date de 1629 est sans doute erronée.
On trouve de
nombreux actes concernant les opérations de Jean de Bois-Yvon seigneur
et curé de Fontenermond en 1578. Jacques de Boisyvon sieur de la
Chapelle est
conseiller au parlement de Rouen en 1582. En 1593, M. de
Montgommery gouverneur de la ville et du château de Pontorson
exempte les Bois Yvon du logement des gens de guerre.
Plus
aucune action marquante liée à l’Histoire de France, Croisade ou
défense d’une
cité, comme il en était chez les Bois Yvon anciens !
Malgré
toutes les pistes explorées, rien ne me permet de relier mon ancêtre,
demoiselle Julianne de Bois Yvon,
aux autres familles du même nom, si ce n’est la cité de Pontorson et
son
château. Ma Sosa Olive Biolin, fille
de Julianne, baptisée dans la religion catholique, épouse vers 1611 à
Pontorson, Antoine Beauchef sieur de
la Bretonnière, l’un des ordonnances du château dont le gouverneur est
le comte
de Montgommery. Antoine est de la religion réformée comme Montgommery.
Les Bois
Yvon sont, sauf une exception, de la religion catholique.
Le patronyme Bois Yvon, qui évoque le Moyen-Age, Lancelot et Ivanhoë, a attiré l’attention de nombreux généalogistes et j’ai pu bénéficier de leurs recherches. Il est amusant de voir qu’un roman feuilleton, paru dans Le Gaulois le 4.5.1874 à Paris, a pour héroïne une demoiselle de Bois-Yvon dans un scénario dramatique…