Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste


Mes ancêtres dans le Grand Parc du Roi-Soleil

Michel Meste (Sosa 1)



   Louis Robin (né en 1815, sellier) et Adélaïde Ursule Fouqué (née en 1817, marchande de grains à Montmorillon) sont mes trisaïeux (côté maternel, Sosa 28 et 29). Cette dernière est originaire de Toussus-le-Noble (Yvelines). Nous la retrouvons le 3 novembre 1839 (elle a 22 ans) à Montmorillon, à l’occasion de la signature d’une promesse de mariage. Leur mariage est célébré quelques jours après, le 16 novembre 1839 à Paris, paroisse de Saint-Merry.
   Nous allons nous intéresser ici aux ancêtres d’Adélaïde, en grande partie originaires des alentours de Versailles et de son château (en particulier à Guyancourt). Cette proximité va nous faire découvrir des métiers très différents de ceux que l’on a déjà rencontrés, liés en particulier à la proximité du château : garde-chasse, fermier du Roi, jardinier etc. Mais avant de nous intéresser à ces métiers, donnons quelques informations sur les lieux dont il va être question. Beaucoup de ces ancêtres sont nés ou ont vécu dans des communes des Yvelines : Guyancourt, Toussus-le-Noble, Châteaufort, Villaroy (ces quatre communes ayant fait partie du Grand Parc de Versailles), mais aussi Chevreuse et Le Mesnil-Saint-Denis qui sont un peu plus loin.  Tout d’abord, intéressons-nous au Grand Parc de Versailles.

A - Le Grand Parc de Versailles


    L’amour de la chasse de nos rois de France a été à l’origine du Grand Parc de Versailles. Sur des terres giboyeuses, étant passionné de chasse comme son père Henri IV, Louis XIII va créer une réserve de chasse et édifier sur le domaine de Versailles un pavillon de chasse. Il s’est lassé de dormir dans des auberges après ses longues parties de chasse. Son héritier Louis XIV l’agrandira pour en faire le plus somptueux palais d’Europe.
    Petit à petit, Louis XIV achète autour du château de Versailles toutes les propriétés afin de profiter de 6000 hectares de réserve de chasse. Les terres sont louées à bail à des fermiers laboureurs, d’autres sont laissées en friches. L’enceinte du Grand Parc de Versailles s’étale sur 43 kilomètres de long et englobe une quinzaine de paroisses dont Guyancourt. Cette dernière était presque totalement intégrée dans le Grand Parc et possédait deux portes : celles de la Minière et du Désert qui permettaient l’accès au Petit Parc du château. Quelques bornes frappées d’une fleur de lys, vestiges du passé royal de la ville, ainsi que La Rigole de Guyancourt (encore à ciel ouvert sur une bonne partie du territoire) évoquent le souvenir du savant système hydraulique qui permettait d’alimenter bassins et jets d’eau, splendeurs du château de Versailles.
    On peut voir sur le plan ci-dessous les limites de l’ancien Grand Parc de Versailles (en rouge), comparées à Paris (en bistre), pour avoir l’échelle, et au parc actuel (en noir), plus restreint autour du Château [création des Amis du Grand Parc de Versailles]. Guyancourt est au sud-ouest de Versailles.

Le Grand Parc de Versailles

B - Guyancourt


    Le territoire de Guyancourt puise ses origines dans la Préhistoire, et son identité s’est largement forgée au cours de l’histoire par sa proximité avec Versailles. De nombreuses découvertes ont permis de montrer que l’homme y est présent depuis le néolithique.

    YvelinesÀ la fin du Moyen Âge, Guyancourt est morcelée en une multitude de petits fiefs relevant de seigneuries indépendantes les unes des autres, dont la seigneurie de Guyancourt. Le village, quant à lui, s’organise autour d’une église construite à la fin du XIIe et au début du XIIIème siècle. Jusqu’au XVIIème, de nombreux seigneurs vont vivre et prospérer sur ces terres du plateau situées auprès de la Vallée de la Bièvre. Avant 1693, date de l’intégration dans le Grand Parc de Versailles de la paroisse de Guyancourt, ce sont les seigneurs de Berulle qui sont Vicomte de Guyancourt.

    Sur le territoire de Guyancourt, l’eau a joué un rôle important pour le Château. Le premier étang de la Minière a été créé en 1668, à l'initiative de Jean-Baptiste Colbert. L'étang de La Minière fait partie d'un dispositif général pour alimenter en eau le parc de Versailles, ce sera la Rivière du Roi Soleil. Les eaux de l'étang de La Minière seront montées au sommet du plateau de Satory par des moulins à vent successifs munis de chaînes à godets. Puis de Satory, l'eau sera acheminée à proximité de l'actuelle pièce d'eau des Suisses. En 1689, l'eau ne sera plus puisée depuis l'étang du Val, d'autres alimentations ayant été créées compte tenu de l'augmentation des besoins des eaux de Versailles : l'étang de Saint-Quentin et son aqueduc d'acheminement souterrain et l'aqueduc de Buc qui amène les eaux du plateau de Saclay par un réseau de rigoles. Les moulins à vent sont démontés. Il reste simplement le moulin de l'étang du Val. Ce dernier ne sera abandonné que vers 1750.

 




C - Les ascendants (et alliés) d’Adélaïde Ursule Fouqué et leurs métiers

    Concernant les ancêtres (ou apparentés) d’Adélaïde (que l’on peut retrouver dans notre arbre sur Geneanet), nous allons mettre le projecteur sur certains métiers particuliers que nous avons pu rencontrer, outre beaucoup de fermiers ou laboureurs. Certains sont liés à la proximité du Grand Parc de Versailles :

   Garde des plaisirs de Mr le marquis de Canillac : Antoine Dumesnil, beau-frère de Marie Roquet, fille de Michel (Sosa 944) et femme de Louis Chastelain (mariage en 1699). Le garde-chasseDe tous temps, le droit de chasse a été réservé à la noblesse (avant la Révolution !). Le garde des plaisirs n’était autre que le garde-chasse, dont la fonction était multiple, avec en particulier la surveillance du braconnage. Le Roi aussi avait son « garde des plaisirs du Roi », à ne pas confondre avec le « garde des menus plaisirs du Roi » qui, lui, s’occupait de la préparation des cérémonies, fêtes, et autres spectacles de la Cour.

   Fermier du Roi : Michel Yvoré, beau-frère de Marie Anne Bouton (fille de Gilles Bouton, Sosa 936). Un Fermier est celui qui tient quelque chose à ferme, soit un bien de campagne, soit quelque droit royal ou seigneurial. Le fermage était attribué sous la forme d’un bail (contrat) ayant une durée variable. Quand on dit le fermier simplement, on entend quelquefois par-là le fermier du roi : soit l'adjudicataire des fermes générales, soit (plus fréquemment) l'adjudicataire de quelque ferme particulière, telle que celle du tabac (il est alors sous l’autorité du fermier général).

   Officier de Mme la Dauphine : le Sr Julien Berry, gendre de Gilles Lebrun (Sosa 958), qui était boulanger et devait fournir le pain de Mme la dauphine. La Dauphine était Marie-Josèphe de Saxe, mariée avec Louis-Ferdinand, fils de Louis XV.

   Officier de la fourrière de Madame : Louis Joseph Leborne, beau-frère de Jean Claude Elleaume (gendre de Jacques Blondeau, Sosa 476). Il avait en charge de fournir le bois de chauffage à Madame (épouse de Monsieur).

    Chatreur (ou chastreur) : Pierre Fouqué (né en 1724 en Basse-Normandie), et d’autres.

Regardons dans les dictionnaires anciens ce qu’est un chastreur :

Dans le dictionnaire de l’Académie Française de 1694 : Celuy qui fait mestier de chastrer des animaux.

Dans le dictionnaire universel de Furetière, de 1690 : Celuy qui chastre les hommes, soit les animaux, soit les fagots.

   Maître chirurgien des armées navales : Jean Claude Elleaume, qui se marie en 1788 avec Marie Marguerite Blondeau (fille de Jacques Blondeau, Sosa 476).

   Cribleur : Jean Durand, marié en 1741 avec Anne Deschamps. Un « Cribleur de bled » : journalier que les fermiers emploient pour nettoyer le bled dans leurs greniers, le passer au crible, et le préparer pour pouvoir le conserver. Celui qui procédait au tri, au criblage des grains après le vannage. Le bled désigne l'ensemble des céréales cultivées en Europe : blé, seigle notamment.

   Chartier : Georges Boisselet (né vers 1680) et d’autres. Un chartier était un tabellion (officier public qui faisait fonction de notaire) chargé de conserver les actes rédigés par les notaires royaux et d’en délivrer des copies.

   Jardinier : plusieurs Gervais ont pratiqué cette profession. Dans la région, en particulier dans le Grand Parc, les jardiniers étaient nombreux et ne manquaient pas de travail : aux abords des villes, cultures maraîchères et entretien des maisons particulières et des châteaux. Dans leur statut de 1599, les jardiniers affirment une ancienneté de leur activité de production de fruits et légumes qu’ils vendaient aux marchés.  Pour l’entretien des jardins et du Parc de Versailles, ils sont répartis par secteur : orangeries, serres, parterres, jardin français, jardin anglais … Leur travail n’est pas très éloigné de celui qui se pratique de nos jours.





Auteur : Michel Meste.      Pages réalisées avec Kompozer.