Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Michel MESTE (Sosa 1)
Le
26 avril 1806, en la
mairie de Lescar, le maire Jean PASSICOUSSET délivre à notre cousin Claude HOURCADE BERRIOOU, laboureur de
38 ans, un laisser-passer (passeport)
pour aller à Bordeaux. Dans ce qui suit, nous nous proposons de
préciser qui
est Claude et ce qu’est un passeport en cette année 1806, et enfin de
décrire
le passeport en question. Toutes les données généalogiques peuvent être
trouvées sur Geneanet (gratuitement, à l’identifiant mestenerzic).
Claude
(son patronyme sera le
plus souvent écrit HOURCADE BERRIOU)
naît le 10 février 1767 à Lescar (paroisse de St Julien). Ses parents
sont mes
ancêtres Pierre HOURCADE BERRIOU
(1739-1793, Sosa n°74, 7ème génération) et Catherine GUICHARNAUD dite GUIRAUTE (1743-1803,
dite aussi BERRIOU, Sosa n°75).
Pierre
et Catherine auront 8 enfants. Parmi ces enfants, hormis Claude (qui
est le 2ème
né), mentionnons mon ancêtre Sabine (1773-1838, Sosa 37), qui se
mariera avec Bernard
(dit Pierre) COY (1765-1839, Sosa
36).
On
retrouve dans le recensement de Lescar de 1793 (au n°187), dans la même
maison,
les parents Pierre et Catherine, 5 de leurs enfants (dont Claude, qui a
26 ans,
et Sabine), ainsi que leur grand-père maternel : Jacques GUICHARNAUD dit GUIRAUTE, père de
Catherine.
Claude
se marie le 25
novembre 1803 (Lescar) avec Marie MORTER
dite BARINCOU (patronymes qui seront quelquefois écrits MOURTHE et
BARINQUE). Il a alors 36 ans, et Marie en a 22.
A
son mariage, sont présents : Pierre Claverotte dit Lescapat,
cousin
germain de Marie ; Pierre Coy, beau-frère de Claude ;
Guillaume
Rachou dit Goaillardet
Neuf
mois après, le 28 août
1804, naît Bernardine. Malheureusement, deux jours après la naissance,
Marie
décède. Les archives de Lescar (BMS et recensements) n’indiquent pas
que Claude
se soit remarié, et nous ignorons qui a pu s’occuper avec Claude de la
petite
Bernardine. A l’occasion du recensement de Lescar de 1817, on le
retrouve
(veuf) avec sa sœur Anne et sa fille Bernardine. Claude aura 53 ans
lorsque sa
fille de 17 ans se mariera (1821) avec Dominique MERLOU.
Claude décèdera un ans après, le 21 septembre 1822 (Lescar).
Moins de deux ans après le décès de son épouse, Claude fait donc la demande auprès de la Mairie de Lescar d’un laisser-passer, qui est aussi appelé « passeport pour l’intérieur ». Il l’obtiendra le 26 avril 1806.
La
nécessité d’un tel
passeport (ou passe-port) est apparue très tôt : sous l’Ancien
Régime, les
déplacements en France des « vagabonds » étaient très suivis.
Le 1er
février 1792, est promulgué un décret imposant l’obligation de posséder
un
passeport pour l’intérieur, permettant de voyager à l’intérieur du pays
(en
fait, sortir de son canton…). D’abord supprimé au tout début de la
Révolution,
au nom de la liberté de circulation, il est vite remis en vigueur après
l’épisode de la fuite de Louis XVI à Varennes. Avoir une preuve de
l’identité
de la personne qui voyageait devenait en ces temps troublés hautement
souhaitable. Au cours des années qui suivront, ce décret sera
fréquemment
modifié, pour inclure des informations du type : combien d’argent
emporte-t-on, est-on en règle avec le fisc, qu’en est-il des
obligations
militaires…On pourra voir à ce propose : https://www.geneacaux.fr/spip/IMG/pdf/passeports.pdf
Le
décret du 2 octobre 1795
précise qu’ « il sera fait et
dressé, dans chaque commune de la République, un tableau contenant les
nom,
âge, état ou profession de tous ses habitants au dessus de 12 ans, et
l’époque
de rentrée sur la commune ». Notons que le premier recensement
de
Lescar date de 1793 (disponible sur internet).
La
non-possession d’un tel passeport classe le voyageur parmi les
vagabonds. Sur ce
décret de 1795, il est mentionné :
« Tout
individu voyageant, et trouvé hors de son
canton sans passeport, sera mis sur-le-champ en état d'arrestation, et
détenu
jusqu'à ce qu'il ait justifié être inscrit sur le tableau de la commune
de son
domicile »
Hormis
la question de la surveillance des individus,
cette obligation de posséder un passeport jouait aussi un rôle
social : il
est mentionné : « laissez-passer
le sieur … et prêtez-lui aide et assistance au besoin ».
Du
côté de la commune qui émettait ce genre de
passeport, on devait faire figurer sur ce dernier une description
physique du
demandeur, et aussi fournir les noms de deux personnes déclarant
connaître le
demandeur. Concernant notre Claude, ce seront Jean-Louis ANGOUSTURE
(instituteur à Lescar comme son père, et récemment marié
à Marie LABOURDETTE) et Pierre BROCA
(maître boutonnier, marié à Anne LAPLACE dite MONTOUSSE),
habitants de Lescar,
qui joueront ce rôle.
Décrivons
le passeport de
Claude :
En
en-tête, Empire Français
et Passe Port. De chaque côté, un « timbre ordinaire » (75
cents, à
gauche, marqué PYRENNEES BASSES) et un « timbre à
l’extraordinaire »
(à droite). Juste en dessous : Département des Basses Pyrénées,
Commune de
Lescar.
Vient
ensuite le triangle,
symbole de la société égalitaire, et l’œil de la vigilance (ou œil
omniscient),
repris dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789.
Le
texte (en caractères
différents les parties remplies à la main) :
Laissez
passer Le
sieur
Claude Hourcade Berrioou
Laboureur, veuf,
âgé de trente
huit ans,
né
à Lescar,
département des
Basses Pyrénées,
domicilié à
Lescar,
inscrit au tableau de la commune au n° ---------,
lequel nous a déclaré vouloir aller à Bordeaux,
département de la
Gironde,
et prêtez-lui aide et assistance au besoin,
et a signé [signature
de Claude]
Le
présent lui a été délivré sur l’attestation des
Sieurs
Jean Louis Angousture et Pierre Broca,
domiciliés de la présente ville,
qui ont
déclaré connaître le dit
Claude Hourcade Berrioou.
Et qui ont
signé [signatures
Angousture, Brouca]
Vient
ensuite le signalement
du demandeur :
Taille
de 1
mètre 700
millimètres, cheveux châtains
moyens gris,
sourcils châtains
gris,
visage replet,
front rond,
yeux châtains,
nez gros
accroché,
bouche moyenne,
menton rond ;
Délivré
à la Mairie de Lescar
le vingt six avril Mille huit cent six
Signature
du
maire : Passicousset
En
haut du recto du
document, deux mentions manuscrites :
Demande
à
l’hôtel de ville de Bordeaux 5 mai 1806 (1 mois après l’obtention du passeport)
Demande
à
l’hôtel de ville de Bordeaux 14 janvier 1807 (il doit s’agir de son départ de Bordeaux)
Au verso du passeport, plusieurs mentions manuscrites :
- du préfet des Basses Pyrénées (Boniface de
Castellane-Novejean, un des premiers de son ordre à se joindre au
Tiers-état), pour
légalisation de la signature du maire de Lescar, qui
signe,
- de l’adjoint au maire de Bordeaux, qui signe,
- du maire de Lescar, du 7 janvier 1807, pour
le motif du départ, qui signe,
- de l’adjoint au maire de Bordeaux, datées du 27
janvier 1807 (pour le retour à Lescar), qui signe.
Après
ce bref voyage à
Bordeaux, Claude retrouvera sa fille et ses terres. Il sera
régulièrement
mentionné dans les recensements de Lescar, jusqu’à sa mort en 1822.