Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Souhaitant construire un bâtiment, notre Jean envoie le jeune Bernard
chercher des cailloux dans un champ sur lequel il savait que l’on
pouvait en trouver. Ce dernier, creusant un peu dans un fossé, eut
alors la surprise de découvrir un magnifique trésor, composé de pièces
d’or frappées au coin de Ferdinand et Isabelle, roi et reine d’Espagne
(voir ci-dessous). D’où venait ce trésor ? Très
certainement des sarrasins, qui ont longtemps habité le pays et y ont
construit un grand nombre de forteresses.
Cette découverte put rester secrète pendant trois mois mais un peu avant Pâques, le marquis de Lons, lieutenant du Roi en Béarn et Navarre, eut vent des faits ci-dessus et fit arrêter ledit valet puis le garda quelques jours pour lui faire dire ce qu’il savait. L’intervention de Guiraute et du curé de Poey eut trois conséquences : d’abord la libération du valet, suivant de peu le versement au marquis de Lons d’une somme importante, et enfin la livraison anonyme à l’hôtel des Monnaies de Pau d’une quantité importante de pièces d’or.
La chose ayant été ébruitée, il s’ensuit alors une suite de revendications. La propriété du trésor fut réclamée par plusieurs personnes, encouragées par les bruits laissant entendre qu’il s’agissait d’un trésor considérable. Toutes avaient de bons arguments : le fermier St Pée, puis le fermier qui avait loué cette terre avant lui et dont le bail n’était pas fini, ensuite les propriétaires de la terre : les religieuses de Sainte Ursule mais aussi les héritiers du Président de Marca qui contestaient les arguments de ces dernières, et venaient enfin ceux qui prétendaient avoir juridiction sur le Laur : les jurats, le seigneur du Laur qui se référait aux Fors de Béarn, puis l’évêque qui ne voulait pas être en reste, et pour couronner le tout, il était évident qu’il n’était pas question d’oublier le Roi.
Pour monter enfin plus haut que le Roi, le juge du Sénéchal mentionne ‘’ ...ces rustiques ont été persuadez par des prêtres, des religieux et autres personnes califiées, qu’ils peuvent tout nier en conscience, parce que ce thrésor est un présent du ciel, ou personne qu’eux ne peut rien prétendre, d’ou vient qu’ils nient tous les faits avec une audace extraordinaire.’’
Des enquêtes furent menées. Le subdélégué de M. l’intendant Pinon se rendit sur les lieux, puis M. de Balagué, juge du Sénéchal, y alla aussi sur requête des Ursulines, et enfin le Parlement y délégua un commissaire, en la personne de M. de Casenave. Pour la petite histoire, il n’est pas impossible que ce juge Balagué, qui avait été avocat au Parlement de Navarre, fut un parent de notre ancêtre Jeanne Balagué (Sosa 2117).
Malheureusement, l’issue de cette affaire n’a pas pu être retrouvée. Il reste toutefois un épisode qui a dû certainement créer beaucoup d’émotion à Lescar en cette fin de XVIIème siècle, et qui a permis de mettre en scène quelques ancêtres plus de trois siècles après les faits.
(voir sur Gallica la Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays Basque, 1931, ser2, A14, N129)