Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
En
1842 mon ancêtre Clémentine PERAL,
née en 1822 à Saint-Malo, fille de Jean Joseph PERAL et de Clémentine
Françoise
BEAUCHEF, épousait Paul Jean Marie ROBERT, issu d’une longue lignée de
marchands de Dinan remontant au moins au XVIème siècle.
Les
BEAUCHEF, bien qu’armateurs et corsaires malouins au XVIIIème siècle,
appartenaient
à une famille originaire de Pontorson (en Normandie) où s’était
installé vers
1600 Anthoine BEAUCHEF, sieur de la Bretonnière, huissier royal.
Il
avait épousé en 1779 Marie Thérèse LECOURT DES FONTAINES, fille
d’écuyer
Ferdinand Joseph LECOURT DE BILLOT employé des fermes du Roi à
Saint-Malo.
L’un
de ses descendants Philippe Lecourt de billot a créé un site
généalogique : http://www.myheritage.fr/site-154008502/lecourt-de-billot.
Pour lui, les Lecourt appartiennent à la noblesse bretonne comme en
témoignent d’ailleurs
les hermines de leur blason, et ils auraient participé aux croisades.
Marie-Thérèse
LECOURT DES FONTAINES était la fille de Barbe
DOLLEY, mariée à Saint-Malo et née à Villedieu-les
Poêles, en Normandie.
Je
voudrais ici m’intéresser aux ancêtres de Barbe, tous de Villedieu-les
Poêles,
comme cela a déjà été fait pour mes ancêtres de Saint-Malo et de
Pontorson. Avant
de présenter le résultat de mes recherches dans les registres
paroissiaux, je
m’intéresserai d’abord à cette ville.
Située
près d’Avranches dans le Cotentin, sur les bords de la rivière Sienne,
Villedieu-les-Poêles
s’inscrit dans un écrin de collines
bocagées,
faisant partie du massif armoricain. Ici bretons et normands, anglais
et
français, se sont installés et battus tour à tour. Ne dit-on pas que le
patronyme DOLLEY est d’origine anglo-saxonne ?
En
1219, lorsque la Normandie fut enlevée au roi d’Angleterre
Jean-sans-Terre, le
roi de France Philippe-Auguste
confirma la charte de Richard
Cœur-de-Lion :
Philippe,
par la grâce de Dieu Roi de France, approuvons et continuons par ce
présent les
donations lesquelles Richard jadis Roi
d’Angleterre a concédées au Saint Hôpital de Jérusalem.
Fait
à Paris 9 novembre 1219.
Collationné
sur une copie restant au greffe de la Mairie du Bourg de Villedieu ce
28
juillet 1703
En
1338 Philippe VI Roi de France donna un mandement en vertu duquel il
accordait
à l’abbesse et au couvent de Lisieux de percevoir la moitié des
coutumes de
Villedieu et de Saultchevreuil en commun avec les Hospitaliers du dit
lieu. Les
conflits d’intérêt perdurèrent jusqu’au XVIème siècle entre les deux
établissements religieux.
Le
Commandeur de l’Hôpital de Villedieu est dans ses terres seigneur
tout-puissant : il ne connaît de dépendance que vis à vis du Roi
pour le
temporel et du Pape pour le spirituel.
D’après
les Terriers de 1587 et 1710 : « tous les habitants de la
Commanderie
sont exempts comme les chevaliers de toute obligation militaire et de
tout
impôt levé par le Roi de France. L’unique condition pour pouvoir jouir
de tous
les privilèges de l’ordre est pour les vassaux de porter une croix
blanche sur
leurs habits du côté gauche et de placer une croix sur les cheminées de
leurs
maisons ». Les avantages pour les habitants, et principalement les
commerçants,
sont évidents et cela explique pour une part la prospérité de la ville
de
Villedieu-lès-Saultchevreuil, qui a pu en partie être épargnée des
atrocités de
la Guerre de Cent ans.
En
1328 les poêliers sont suffisamment implantés et organisés et font
reconnaître
par le Roi leur statut. A cette époque, les principales Corporations de
métier
s’organisent, mais le statut présenté par les poêliers est parmi les
plus élaborés.
Il est intéressant de souligner que ces statuts permettent de répondre
à des
problèmes tels que :
- la limitation des heures
de travail,
- la participation
proportionnelle des
patrons et des ouvriers à une assurance mutuelle pour subvenir aux
besoins occasionnés par la pauvreté, l’âge
ou la maladie, à la
protection des enfants des confrères, des veuves, et à la dotation des
filles.
- le respect des bonnes
moeurs source
de l’épargne aussi nécessaires à l’individu qu’à la communauté.
Au
début du règne de Louis XV, le statut des poêliers était toujours en
vigueur.
Aux archives de la Manche pour 1676, on
trouve dans les registres de Greffe de la Haute-Justice de Villedieu
les
poursuites exercées par les Gardes du Métier contre des Maitres
poêliers ayant
transgressé les règlements.
La
poëlerie
C’est
avec le cuivre jaune que l’on fait les poêles. On le met à fondre dans
un
creuset, et on le verse entre deux pierres plates où il se forme une
planche
que l’on taille en autant de morceaux que l’on veut faire de poêles.
Chaque poêle
est obtenue par des coups de marteau donnés avec égalité et mesure, la
pièce
étant passée plusieurs fois par le feu pour rester malléable, et
demande
l’intervention de plusieurs personnes.
La
dinanderie ou chaudronnerie
Les
cuivres jaune et rouge sont utilisés pour obtenir par des coups de
marteau
encore une fois des objets dont on orne les temples, la batterie de
cuisine...
La différence tient au fait qu’une seule personne est nécessaire pour
faire un
ouvrage.
La
fonte du métal
La
fabrication des cloches reste encore de nos jours une spécialité de
Villedieu-les-Poêles. Le 23.3.2013, a été mise en grandes pompes dans
le
clocher de Notre Dame de Paris des cloches (dont la cloche Gabriel
ci-dessous) fondues à Villedieu en remplacement
de plus anciennes qui venaient peut-être aussi de la même ville.
La cloche Gabriel lors de sa fabrivation dans les ateliers Cornille Havard de Villedieu-les-Poêles |
La même à Notre Dame de Paris |
Le 24 juin les tanneurs
fêtaient la
saint Jean-Baptiste,
en juillet les maréchaux et
les
orfèvres fêtaient la St Eloi,
le 26 juillet c’était la
fête de la
confrérie de Ste Anne d’airain, celle des poêliers,
le lendemain, fête de la
Petite Fille (la
Sainte Vierge) pour les dentellières,
et le lundi après la Ste
Anne d’airain
la confrérie des menuisiers fêtait la Ste Anne de bois.
le 3 novembre la confrérie
des chaudronniers
fêtait la St Hubert,
le 4 décembre avait lieu la
fête de Ste
Barbe pour les fondeurs.
On
peut aujourd’hui visiter à Villedieu-les-Poêles les ateliers des
anciens
artisans. Le long de la rue principale se succèdent des ensembles
constitués par
la maison d’habitation et l’atelier, organisés autour d’une
« cour ».
On pouvait y fuir le vacarme
assourdissant et la chaleur de l’atelier. Ici s’installaient les femmes
du « maistre »
et des « varlets », qui faisaient de la dentelle. On visite
aujourd’hui une vingtaine de ces « cours » dont la cour
Dolley (voir ci-contre).
L'entrée de la cour Dolley, rue Carnot |
Cour du Musée de la dentelle |
Les dentellières au travail |
Mais
des liens existant bien évidemment entre les populations de Villedieu
et celles
des paroisses environnantes, j’ai dû consulter également les
registres de
Ste Cécile, La Lande d’Airou, Fleury et La Bloutière.
Les
archives de Ste Cécile débutent en 1584, mais présentent des
lacunes : manquent
1590-1591,1593-1594,1596-1599,1629-1632,1639,1658-1669(12ans) et 1674.
Les
archives de Villedieu débutent en 1614.
Les lacunes concernent :
-
les périodes1615-1616,1619-1623,1625-1631,1642-1657(16ans) pour les
baptêmes,
- de
1633à1643 pour les mariages,
-
peu de lacunes pour les sépultures, mais une écriture peu soignée,
presque illisible.
Avant toutes choses, l'arbre :
Pierre
épouse en 1671 à Villedieu Gilette HERVEY qui lui donne trois
enfants : Barbe
en 1671, Jean en 1679 et Pierre en 1691.
Mon
ancêtre Jean épouse en 1669 Colasse de Carolle et a 2 enfants Etienne
en 1670
et Julien, mon ancêtre, en 1673.
On
peut remarquer pourtant
que :
-
Pierre Dolley, époux de
Gilette Hervey,
est sans doute le parrain (le 15.7.1691) de Pierre Dolley,
fils d’Etienne Dolley et Gilette Ruelle, et
petit-fils de Colasse de Carolle,
-
au mariage de Jean Dolley
(fils de
Pierre et Gilette Hervey) avec Louise Lesieur le 11.7.1699, est présent
Julien
Dolley, certainement fils de Jean Dolley et Colasse de Carolle.
-
au
décès le 29.4.1725 de Pierre Dolley, époux
de Gilette Hervey, sont présents Pierre
et Jean Dolley ses fils, ainsi qu’un autre Pierre Dolley qui ne
peut
être que le petit fils de Jean Dolley et Colasse de Carolle, filleul du décédé.
-
l’arrière petite fille de
Colasse de
CAROLLE : Barbe Thérèse DOLLEY,
née en 1725 à Villedieu, descend deux fois des COUDRAY :
du côté maternel : sa mère Barbe
ANDRE, née en
1691 à Villedieu, est
- la fille de Jean ANDRE
marié en 1687
à Jeanne PIEDOYE,
- la petite fille de Thomas
ANDRE et
de Noëlle GRIMOUT, mariés en 1661,
- l’arrière petite fille de
Jean-Baptiste
GRIMOUT et de Gilette CERCEL, mariés en 1632, cette dernière étant
elle-même
fille de Thomas CERCEL
et de
Marguerite COUDRAY
du coté paternel : Jean Baptiste
DOLLEY, né en
1694 à Villedieu, est
- le fils de Julien DOLLEY,
marié en
1693 à Françoise DU VAL
- le petit fils de Julien
DU VAL, marié
en 1656 à Gilette COUDRAY
-
Gilles
DOLLEY,
fils de Jean
DOLLEY et Anne BESNIER, né vers 1620, oncle de Jean (époux de Claire
BIGOT), épouse
à Ste Cécile Romaine COUDRAY, dont on
n’a pas encore pu trouver les parents.
Dans
l’état actuel des recherches, il est malheureusement impossible de
relier ces
trois rameaux de COUDRAY.
Mes
ancêtres ont quitté Villedieu pour Saint-Malo au début du XVIIIème
siècle, où
de marchand ils ont pu devenir armateur et jouer même un rôle dans la
vie
politique de la cité. Dans ses travaux, l’abbé Paris-Jallobert (Anciens
registres paroissiaux de Bretagne. Paris-Jallobert, Tome VII : St Malo) mentionne Pierre Augustin
DOLLEY, fils de Pierre et
Noëlle Agathe Huard, marchand de Villedieu,
qui vint s’installer à Saint-Malo où il épousa Guillemette Lemarchand.
Leur
fils Charles épousera à Saint-Malo Marion Gaultier du Parc, petite
fille de
Louis Henri Gaultier venu de Condé-sur-Vire. Charles deviendra
commandant de la
Garde Nationale en 1799 et maire de Saint-Malo en 1800.