Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
J’ai
eu accès à la correspondance entre mon grand-oncle Raymond
Deloustal et sa fille Raymonde dite Mondette, née
en 1906 à Hanoï ; cette correspondance est
écrite sur cartes postales de 1905 à 1933. Mon cousin germain Alain
Deloustal a
hérité de la collection, et son frère, Gilles Deloustal, m’en a fait
les photos
recto-verso : je l’en remercie du fond du cœur. L’échange de
courrier a
lieu entre le Tonkin (alors protectorat français de l’actuel nord
Vietnam) où
Raymond est interprète au tribunal de Hanoï, et les Bouches-du-Rhône,
où réside
la famille de sa femme. Les lettres transportées par paquebots mettent
plus
d’un mois à parvenir à leur adresse.
Deux
séries de cartes postales ont attiré mon attention. Les unes, de 1906 à
1909,
sont écrites en chữ quốc ngữ (voir plus loin), les autres
racontent les
récoltes d’un jardin à Hanoï.
Pour
comprendre leur singularité, il faut préciser ce qui faisait celle de
Raymond
Deloustal :
-en premier lieu, Raymond n’est pas seul à
Hanoï : il fait partie d’une famille nombreuse,
-en second lieu, ils sont tous des voyageurs.
Je me propose dans ce texte de compléter
l’histoire de Raymond par cette correspondance avec sa fille Mondette.
Les
cartes postales, seules, ne permettent pas de reconstituer la famille
qui
échange ces cartes. Il est nécessaire de compléter par des recherches
dans les
registres d’état civil, mais aussi par les souvenirs transmis par les
descendants ; la lecture des journaux (dont les journaux
officiels),
contemporains de ces cartes, est également fondamentale. Des livres
retracent
aussi ces premiers temps de la colonisation. Une biographie de Raymond
Deloustal est disponible sur Persée.
Les
éléments généalogiques peuvent être retrouvés dans Geneanet, ainsi que
d’autres
informations sur la famille Deloustal sur le site http://genealogie.mestenerzic.fr,
en particulier Présence
des Deloustal au Tonkin, Raymond Deloustal, un
français de Barcelone, et Le dernier
voyage d'Eugène Deloustal.
Pour se retrouver dans
la famille, un petit arbre succinct :
I)
Les
aventures de la famille Deloustal
1.
La
famille
de Raymond à Hanoï
Se retrouvent à Hanoï en 1905, à côté
de Raymond
Deloustal (né en 1872 à Marseille) et de sa femme Baptistine
Aimedieu :
- son
père, Jules Deloustal, avocat
défenseur près la Cour, époux de Claire Amouroux. On retrouve dans le journal L’avenir
du Tonkin la trace de ses
plaidoiries.
- son
frère aîné Louis-Paul Deloustal, né
à Marseille en1871, marié à Hanoï en 1898 à Marie Jeanne Heumbert,
commis de
comptabilité dans le service des Douanes de l’Indochine.
Il décèdera en 1907 à Marseille. Il n’a pas
eu d’enfant.
- son frère cadet Eugène
Deloustal, né à Tunis en 1881 ; adolescent, il
a été pensionnaire en France à l’Ile-sur-la-Sorgue. Il a ensuite
intégré
l’Ecole des Arts et Métiers près d’Aix-en-Provence.
Devenu
géomètre au Cadastre du Tonkin, Eugène se mariera à Dinan en 1908
avec Yvonne Mazier, née à Dinan. Ils auront
très vite deux garçons : André
en 1909, né à Hanoï, et Louis, né à
Vietry en 1912. Leur fille Simone,
ma mère, naîtra en 1919 à Toulouse, où Eugène participera à la
Grande-Guerre
dans la Poudrerie de cette ville.
- Claire-Juliette
(toujours appelée Juliette), née à
Tunis en 1884 ; elle épouse à Hanoï en 1905 Jean Forsans (toujours
appelé Marc Forsans) commis des services
civils de l’Indochine. Ils auront deux fils, Edouard et Jean, nés à
Hanoï.
- Claire-Alphonsine
dite Bimba née à Tunis en 1885 ;
elle épouse en 1905 Emile Beausire,
dont elle va divorcer en 1909 pour épouser, en 1910, un
militaire : Henri Salel. Ils auront une
fille :
Georgette en 1915.
Mon cousin Claude Forsans me signale la
présence des
deux sœurs Juliette et Bimba dans le livre « Le Vieux Tonkin
1890-1894 »
de Claude Bourrin : elles participent à Hanoï à une soirée,
déguisées en
espagnoles : elles ont un peu moins de 10 ans.
2.
Comment
la
totalité d’une fratrie de français peut-elle se retrouver au Tonkin au
début du
XXème siècle ? Le premier voyage est celui de Louis Deloustal.
Le père de Jules, Louis Deloustal,
est
né en 1816 en France, à Carcassonne (Aude). Il part en janvier 1839,
seul, de
Bordeaux pour Cuba, à l’âge de 23 ans (son passeport indique qu’il est
tailleur
d’habits). Il épouse moins d’un an après, le 4.11.1839, Louise
Derouville (ou
Deronville), dont les parents viennent de Saint-Domingue. En 1841,
Louis fait
venir sa mère, Anne Constans à Santiago de Cuba ; son passeport la
dit
marchande. Louis emmène toute sa famille à Barcelone vers 1850. Il y
fonde une
usine de savon et obtient un prix à l’Exposition Industrielle et
Artistique de
Barcelone. Louise Derouville meurt en 1854, et Louis se remarie avec
Jeanne
Guilhaumon, près de Mirepoix. Anne Constans ne s’entendra sans doute
pas avec
la deuxième femme de son fils et mourra à Montpellier à l’Hospice en
1868.
Avec
Jeanne Guilhaumon, Louis a trois enfants à Barcelone :
Raymond-Louis, né
en 1861 comme sa sœur jumelle Rosalie, et Victorine, née en 1863.
Raymond
restera toute sa vie à Barcelone, montant une usine à la suite de celle
de son
père, et restant en relation avec Jules
et sa famille. Rosalie épousera un français, Emile Sins,
et mourra jeune en 1924.
De
Barcelone, Louis voyagera plusieurs fois vers le pays de son
enfance :
Chalabre, puis Mirepoix, où il se fixera à la fin de sa vie, en
achetant en
1870 à Malegoude (près de Mirepoix) une propriété (Gatimel),
dont le souvenir m’a été donné par son
arrière-petite-fille, ma mère, Simone Deloustal.
Louis Deloustal,
l’ancêtre, y décède en
décembre 1883.
3.
Jules,
de
Santiago de Cuba à Hanoï
Jules, fils du premier
mariage de Louis, né à Santiago de Cuba en 1848,
suivra donc
son père à Barcelone. J’ignore quel a été son périple vers Marseille,
où il épouse en 1870 Claire Amouroux ; il est
commis, elle est couturière et vit avec sa mère Paule Loubens, qui est
veuve.
Claire est aussi d’origine audoise. D’après la mémoire familiale
transmise par
ma mère, le couple se serait rencontré à Limoux lors des séjours de
Jules à
Gatimel. Je n’ai pas trouvé d’élément sur une participation de Jules à
la
guerre de 1870. Il semble qu’il ne participe pas au conflit. On
retrouve dans
les archives d’Etat Civil de Marseille le mariage et les naissances de
ses deux
premiers enfants : Louis-Paul et
Raymond.
Quand
le couple se décide-t-il à partir pour Tunis ?
En tous cas, cela a lieu avant le traité du
Bardo du 12.5.1881 (qui
institue le protectorat de la Tunisie
par la France). Eugène naît à Tunis le
2.3.1881 ; il est déclaré au consulat d’Espagne, de père
commerçant
espagnol et de grand-mère française. En effet Paule Loubens a suivi sa
fille,
Claire Amouroux. Que fait Jules en
Tunisie ?
On trouve dans le
journal Le Petit Marseillais du
27.9.1882 une annonce : BONNE
AFFAIRE a vendre restaurant café de la Maison Dorée s’adresser à M.
DELOUSTAL à
Tunis.
La tradition familiale explique que Claire et
sa mère sont modistes.
Deux filles naissent, cette fois-ci déclarées à l’Etat Civil français
en 1884
et 1885. Après le décès de son père en 1883, Jules cède ses droits à l'héritage à Jeanne Guilhaumon, veuve
de son père Louis, pour la
somme de 4000 francs, le
2.2.1884. Il
habite encore Tunis à cette date.
Et pourtant, c’est à Hanoï
que parait une annonce dans L’Avenir du
Tonkin du 8.10.1887 :
Le
voyage de Tunis à Hanoï est de conséquence : Deloustal
défenseur : il
serait donc devenu avocat pendant son séjour à Tunis ?
C’est le dernier voyage pour
Jules, qui
restera en Indochine jusqu’à sa mort.
C’est aussi le début d’une
migration, en
moyenne bisannuelle pour les membres de la famille qu’il a créée.
La mémoire familiale précise que Jules
envoie à
Claire Amouroux le message suivant : « Emmène tout et me
rejoins ». Quel bateau ? Sans doute Paule Loubens n’est plus
là.
Claire et ses 5 enfants de 17, 16, 7, 4 et 3 ans arrivent au Tonkin le
26.12.1888.
C’est
pour Claire la première des nombreuses traversées qu’elle effectuera
lors des
mariages ou des décès de ses enfants.
L’Avenir du Tonkin publie l’arrivée en Indochine 5.1.1902, par l’Eridan, de Madame Deloustal et ses deux filles. Elles reviennent de France où son fils Raymond s'est
marié à Marseille le 15.11.1901 avec Baptistine
Aimedieu.
La
mémoire familiale nous apprend que c’est Claire qui fit construire dans
le
cimetière St Pierre de Marseille, le tombeau des Deloustal, à la suite
du décès
de son fils ainé Louis-Paul, en 1907 à l’âge de 35 ans. Malgré leurs
décès
ailleurs en France et jusqu’à aujourd’hui, d’autres membres de la
famille
rejoindront Louis-Paul après leurs morts au cimetière St Pierre.
II)
La vie de Raymond
Deloustal à travers sa correspondance
Raymond, lui aussi, est un
migrateur : de Marseille, Hong-Kong et Hanoï, à Marseille et
Aix-en-Provence, c’est toute une correspondance entre la France et le
Tonkin.
Notons que les expatriés ont droit tous les deux ans à un retour en
France ; un congé, de 6 mois en général, leur permet de retrouver
leur
famille au prix de deux mois de traversée, aller-retour.
Raymond, né à Marseille le 4.12.1872,
a déjà traversé la Méditerranée avec son père
pour rejoindre la Tunisie. L’a-t-il fait ensuite à nouveau (et
peut-être plusieurs
fois) pour revoir son grand-père à Mirepoix ? Il finit ses études
à Hong Kong.
La tradition familiale ne dit pas s’il est parti de Tunis pour Hong
Kong avant
l’arrivée de sa mère à Hanoï. On peut souligner son aisance à passer du
français et de l’espagnol (et peut-être l’arabe et l’occitan) à
l’anglais.
Abordons enfin le
sujet principal de ce texte : les
cartes postales. Parmi elles, les soixante-dix mentionnées ici sont
présentées
chronologiquement, leurs références sont surlignées
en jaune, et des liens conduisent
à ces images.
1)
De
1892 à 1901
Il entre dans
l’administration à 20 ans, le 1.5.1892,
en qualité de commis greffier à Hanoï, et accomplit son service
militaire en 1893. Il obtient des diplômes pour sa
connaissance de l’annamite, des caractères chinois et du cantonnais.
J’ai trouvé la trace dans différents journaux
des traversées des Deloustal.
Le plus souvent il s’agit soit d’un retour de France soit d’un départ
vers la
France ; on peut en déduire le reste.
-Le Bulletin Officiel de
l’Indochine Française
publie le 24.3.1894 : « …un passage à titre remboursable à destination de la France est
accordé à M. Eugène Deloustal ; il prendra passage à la 6ème table à
bord du transport de l'Etat La Nive
après avoir justifié du paiement préalable du prix de sa traversée ».
A cette date Eugène, frère cadet de Raymond, a 13 ans. Il fait ses
études à
l’Isle-sur-la-Sorgue où il est pensionnaire et ne retrouve sa famille
qu’une
fois par an.
-L’Avenir
du Tonkin du 1.6.1898 publie
l’annonce du « congé de convalescence de 3 mois accordé à M.
Deloustal
commis de comptabilité de 2ème classe ; il est autorisé
à faire
usage des eaux de Vichy pendant la deuxième saison ». Le frère
ainé de
Raymond, Louis-Paul, s’était marié le 22.5.1898.
-On trouve aussi publié par Le
Phare des Charentes du 4.12.1898 : « M.
Deloustal commis
de comptabilité de 2ème classe, embarque à Marseille pour le
Tonkin ».
Louis-Paul était donc parti pour la France ; était-il parti avec
sa
femme ?
-L’Avenir
du Tonkin du 17.8.1898 donne « le
retour de M. Deloustal, commis greffier venant de Marseille sur la Tamise, le 15.8.1898 à
Haïphong ».
Quand Raymond était-il parti ?
Raymond
sera interprète dans le service judiciaire de l’Indochine à partir de
1905. Sa maîtrise des langues asiatiques a
permis à Raymond de traduire le code des
Lê c’est-à-dire le code pénal de l’ancienne dynastie du Vietnam
[A lire absolument et comparer
à nos moeurs actuelles !]. Il publie
son travail au fur et à mesure de sa traduction, pendant 14 ans, dans
le Bulletin
de l’Ecole des Langues Orientales. Il n’a pas attendu la fin de ce
travail pour
le publier, et n’a donc pas pu reprendre certains passages. Ceci a
entraîné les
erreurs que des spécialistes actuels ont pu relever. Néanmoins, la
connaissance
de ce texte a été très utile à l’administration judiciaire française
qui
appliquait le code des Nguyen, copié sur le droit chinois. Aujourd’hui,
cela a
permis de redonner aux femmes des droits qu’elles possédaient dans
l’ancien
Annam et qui leur avaient été retirés. [Voir
l’article de Nguyen Ngoc Huy dans le bulletin de l’Ecole française
d’Extrême-Orient année 1980, 67, pp147-220].
2)
De
1901 à 1908
Raymond
a 29 ans, il est reconnu pour sa compétence, il est temps de se marier.
Comment
a-t-il fait la connaissance de sa future femme Baptistine à Marseille
et non à
Hanoï ?
- Le 1.5.1901 un « congé
de convalescence
de 6 mois est accordé, à solde entière, pour en jouir à Mirepoix, à M.
Deloustal commis greffier de 1ère classe
au service judiciaire de l'Indochine »
[Bulletin Administratif du Tonkin 1901].
Que, ou qui, retrouve-t-il à
Mirepoix ? Son grand-père Louis y est mort en 1883. S’agit-il de
Mirepoix,
ou plutôt de la propriété de Gatimel, où réside la deuxième femme de
son
grand-père, Jeanne Guilhaumon ?
Jeanne
a sans doute été une bonne belle-mère pour Jules, orphelin à 8 ans.
Elle aura
été aussi une bonne belle-grand-mère pour les enfants de Jules. La
mémoire
familiale raconte ces voyages à Gatimel, en « patache »,
depuis
Mirepoix. L’Occitanie reste dans le cœur des lointains expatriés.
- De Raymond encore : le 8.4.1902,
il arrive à Haïphong, revenant de
Marseille, avec sa femme Baptistine, sur le paquebot Manche [l'Avenir
du Tonkin, 12.4.1902]. Le
mariage a eu lieu le 15.11.1901 à Marseille.
Le congé de
convalescence a été bien
employé : parti pour Mirepoix, Raymond revient, marié, de
Marseille !
la saga familiale ne donne pas d’explication.
Dans
la période qui suit, arrivent en 1902
et 1903 la naissance puis le décès à
Hanoï de son premier fils Maurice. Raymond et Baptistine décident que
le
prochain enfant naîtra à Marseille. Quand a lieu le retour vers la
France ? Cette fois-ci les cartes postales complètent les autres
sources
pour suivre les déplacements de la famille.
-La carte postale datée du 2.7.1904
est écrite par Raymond depuis Hanoï à son beau-père, M.
Aimedieu, Bd des Dames à Marseille : « dites à
Baptistine… » ; sa femme est en France, enceinte de 3 mois. 145/386
-Le 1er mars 1905,
« un congé de 6 mois est accordé à M. Deloustal,
interprète principal du service judiciaire, pour en jouir à Marseille
et à
Paris » [L’avenir du Tonkin
1.3.1905]. Le deuxième fils, aussi appelé Maurice, est né le 10 janvier
1905 : je pense que Raymond est parti avant mars !
-Autre carte, datée du 2.7.1905,
adressée à M. Aimedieu, Bd des Dames, depuis Hanoï par
Raymond : son fils né en janvier a 5 mois et demi. Toute la
famille est
déjà de retour à Hanoï. 137/386
-Baptistine a déjà quitté la France lorsque
la carte
postale du 20.1.1905 lui est
adressée de Toulon par leur ami B. Jouan. 335/386
A
Hanoï, Raymond a participé à la mise en place de l’usage du chữ
quốc ngữ (voir quôc ngu dans le Larousse).
Wikipedia
explique : « l'écriture
actuelle du Viêt
Nam a
remplacé d'anciennes écritures . Même si l'initiative de cette
réforme
revint aux autorités coloniales, l'adoption du chữ quốc ngữ fut
bien
accueillie par les milieux nationalistes
vietnamiens, dans la mesure
où il constituait un vecteur
d'unification, y compris face au colonisateur, entre des populations
indigènes
dont les idiomes étaient différents jusque-là. Plus simple à apprendre
que
l'écriture vietnamienne traditionnelle, qui nécessitait un
apprentissage
préalable du chinois, le chữ quốc ngữ a été un outil de
démocratisation
de l'éducation. Il est l'écriture officielle des administrations
vietnamiennes
depuis 1954 avec l'indépendance du
pays par rapport à la France (durant la période de la colonisation
française,
le chinois avait été conservé dans son statut de langue officielle de
l'administration impériale). »
Il
y a ensuite la naissance de Mondette,
le 15.9.1906 à Hanoï.
-Le 1er mars 1907,
Paul … écrit à sa chère amie Madame Deloustal, Bd Gambetta à
Hanoï, pour prendre des nouvelles des deux poupons (Maurice 2 ans et
Mondette 5
mois). La carte est postée de Colombo. Qui est Paul ? 297/386
-datée du 18. 4.
1907, une carte postée de Saïgon par Claire et Milou,
envoie « une
caresse aux petits ». S’agit-il de Claire et Emile ? Emile
Beausire
est le 1er mari de Bimba,
ils se sont marié le 30.1.1905 71/386
-une autre carte postée de Ceylan est signée
Claire et
Emile (date peu lisible).
-encore une carte timbrée en Indochine
adressée le
5.5.1907 à Madame Deloustal 43 Bd
Gambetta à Hanoï « je suis navrée de ne pas vous avoir vue à la
gare » 232/386
-enfin du 14.5.1907, adressée à Raymond,
« le
voyage touche à sa fin nous sommes dans le canal de Suez » signé
Claire. 285/386
C’est
l’habitude le long de ces traversées d’envoyer des nouvelles à chaque
escale.
Suivent
deux années sans cartes postales. Les décès le 30.4.1907 à
Marseille de Louis-Paul Deloustal (frère aîné de Raymond),
et celui à Hanoï de Maurice Deloustal (second fils de Raymond), le
12.11.1907, expliquent bien des choses.
Je
n’ai pas retrouvé d’annonces de traversée, bien que Claire Amouroux se
soit
très certainement rendue à Marseille pour le décès de son fils aîné.
Le
30.6. 1908, Eugène Deloustal, frère
cadet de Raymond, se marie à Dinan.
On
trouve dans le Journal Officiel du Tonkin :
« par arrêté
du 17.1.1908
un congé administratif de 7 mois est accordé à M. Deloustal géomètre de
4ème
classe au Tonkin à partir de la 1ère quinzaine de février 1908 ».
3)
De
1908 à 1910
Les cartes
postales suivantes sont écrites par Raymond, de Hanoï, à sa femme et à
sa fille
à Marseille. Raymond a donc installé à Marseille sa femme et sa fille
puis est
revenu au Tonkin. Il s’agit des cartes postales écrites en chữ quốc ngữ dont
il est
question tout au début.
Raymond
travaille donc à Hanoï et sa femme et sa fille sont à Marseille. Les
cartes suivantes
sont adressées par Raymond à Mademoiselle Raymonde Deloustal chez sa
maman. Ces
cartes ne sont ni timbrées ni oblitérées. Elles sont écrites en
chữ
quốc ngữ. Mon fils Gilles Meste a pu en faire traduire
quelques-unes.
-91/386 La carte postale représente les balançoires au jardin public : le message est « te souviens-tu quand tu jouais à la balançoire ? si tu n’es pas en forme tu ne dois pas faire de bêtise sinon quand je rentre papa ne t’aime pas ».
-139/386
La carte représente trois jeunes filles
annamites : « Là-bas il
y a Mlle Hang Mlle Ba et Mlle Nam assises en train de boire du thé,
es-tu
sage ? tu me manques beaucoup si tu fais des bêtises, papa ne
jouera pas
avec toi ». L’adresse portée sur la carte est la suivante :
Mademoiselle
Mondette Deloustal chez sa maman, adresse inconnue, en voyage
-157/386
Cette fois ci la carte timbrée est envoyée du Tonkin en septembre 1909. La carte postale représente un
éléphant : « Papa t’envoie un éléphant tu dois dire à maman
de te
donner un sou pour acheter une banane pour l’éléphant maman me dit que
tu
manges trop puis tu as mal au ventre je t’embrasse » Mondette
habite chez
son grand-père 83 rue de la République à Marseille
-183/386
La carte postale représente un marchand tenant un panier avec des
lapins
« aujourd’hui achètes-tu le poulet ou le canard on te les vends à
3 sous
chacun »
A chaque fois apparait une formule :
« agenouille toi pour rendre hommage à papa et maman »
formule sur
laquelle on peut s’interroger.
Mondette à
cette date a trois ans : elle ne peut pas lire. Et par ailleurs sa
mère
Baptistine ne connait pas l’annamite.
-186/386,
269/386 et 175/386
trois cartes, certaines timbrées et oblitérées à
Hanoï, en chữ quốc ngữ,
datées de 2.12.1909 et 23.12.1909 n’ont
pas encore été traduites.
De
la même époque :
-Deux cartes postales écrites par Raymond,
timbrées en
Indochine et adressée le 2.7.1909 à
M. Aimedieu Bd des Dames à Marseille avec mention l’une « à
Madame »
l’autre « à Julie »
-Le 10.11.1909
Raymond écrit de Hanoï à Madame Raymond Deloustal 118 rue de la
république à
Marseille « j’ai tellement peur de manquer le courrier que je vais
au
renseignement 3 ou 4 fois par jour »257/386.
Ces
7 lettres en chữ quốc ngữ pour
une petite fille de 3-4 ans et sa mère qui ne connait pas l’annamite
restent
incompréhensibles.
Ce
sont enfin les vacances en France pour Raymond. Il a en principe 6 mois
de
congé.
On trouve dans La
dépêche coloniale du 25.4.1910 :
« 6 mois de congé à M.Deloustal, interprète », mais je n’ai
pas les
dates effectives ni le nom du paquebot.
Il écrit à
Mondette à chaque escale comme
toujours :
246/386 Colombo 27.2.1910
« à bientôt petite chérie »
283/386 Port-Saïd « enfin c’est la
fin » 8.3.1910
244/386 Port-Said « mille baisers » 8.3.1910
Ces cartes sont adressées à Mondette chez son
grand
père M. Aimedieu 83, rue de la République à Marseille.
4)
De
1910 à 1914
Sa
maîtrise de l’annamite permet à Raymond d’être nommé professeur
titulaire de la
chaire d’annamite à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes à Paris de 1910 à 1914. Il habite alors en France
à Fontenay-sous-Bois, 6 rue Emile
Roux. La Dépêche Coloniale et
d’autres journaux nous donnent des jalons de cet épisode.
-309/386
27.9.1911 cette carte postale est adressée à
Monsieur et Madame Deloustal, et signée : ton cousin Besson.
Les
initiales sont artistiquement enlacées : cela pourrait-il être
Jules
Gustave ?
Jules Gustave Besson, né en 1868 et mort
à Saïgon en1942, est un peintre français qui remporte en 1925 le prix
de
l’Indochine et succède à André Joyeux en tant que directeur de l’Ecole
d’arts
appliqués de Gia Dinh dans la banlieue de Saïgon. On retrouve
actuellement ses
œuvres dans des musées en France et à l’Ermitage à Saint Petersbourg.
Il semble plus vraisemblable qu’il s’agisse
d’un
membre d’une autre famille Besson, toujours présente à l’époque sur les
faire-part de décès des Aimedieu et des Deloustal.
Le
congé est prolongé :
-22.4.1913
« par arrêté
du Gouvernement Général de l'Indochine, une prolongation d'un an de mise en
disponibilité sans traitement est accordée à M. Deloustal (Raymond)
interprète
principal de 1ère classe à compter du 13.3.1913 (date de la mise
en
disponibilité de
deux ans
qui lui avait été accordée par arrêté du 23.5.1911) »,
[Bulletin
Administratif du Tonkin].
Baptistine
envoie une carte à Madame Sins, cousine de Raymond :
-76/386 « A
mon retour à Marseille ma ville m’a fait l’effet d’un gros village.
Quelle
différence avec Paris, mais ici vive le soleil. »
Encore une énigme :
Deux cartes
postales de Port-Saïd 279/386
et 281/386
sont pour l’une griffonnée, pour l’autre adressée à Madame Deloustal 6
impasse
Rousseau Marseille France. Le message paraît écrit par une petite fille
de 5-6
ans à qui l’on a donné quelques modèles. : « ma
cher maman je ……..le moi prochain je t’aime de tou mon coereu bon
beser ».
Ne serait-ce
pas un travail fait avec son papa avant son départ, sur ces cartes
postales
achetées en nombre aux escale ? Pour apprendre à écrire des cartes
postales au voyageur qui va les quitter.
Pas de date,
mais l’écriture est révélatrice de l’âge...
2)
De
1914 à 1925
Mais
Raymond doit reprendre son poste au Tonkin.
De
retour à Hanoï, il est promu interprète principal du service judiciaire
de
l’Indochine. De nombreuses cartes postales sont écrites à Mondette, 8
ans, et
adressées impasse Rousseau, Marseille. La première carte correspond au
voyage de
retour à Hanoï après 4 ans en France.
- 267/386 et 295/386, 31.1.1914 de Djibouti : « j’ai été
bien peiné de ne pas t’avoir à bord avec moi pour le jour de mon
départ. S’il
avait fait aussi chaud à Marseille ce jour-là qu’il fait chaud ici en
ce moment
tu aurais pu sortir sans crainte pour ton vilain rhume. Si tu pouvais
m’envoyer
un peu de neige je t’enverrais du soleil et ainsi nous serions tous
contents »
Une
fois de plus Raymond laisse en France sa femme et sa fille.
299/386 9.2.1914
de Ceylan, et 14/386
21.2.1914 de Saïgon : ces
cartes sont envoyées comme c’est l’habitude depuis les principales
escales de
retour au Tonkin. Raymond avait donc pu passer Noël 1913 en famille.
Par
la suite, toutes les cartes de 1914, 1915, 1916, soit une trentaine de
messages,
sont adressées à Mondette, impasse Rousseau à Marseille ; aucune
n’évoque
la guerre en cours. Le père et sa fille de 8, 9, 10 ans sont
séparés :
22/386 26.11.1914 :
« j’ai acheté 100 cartes postales pour constituer une collection
de
souvenirs de ce pays. Je t’écrirai sur ces cartes ; il faudra les
mettre
soigneusement de côté. » Les cartes postales sont celles de la
collection
P. Dieulefils, photographe de Hanoï. La carte du 26.11.1914 porte le
n°1 de la
collection :
Les cartes 48/386,
34/386,
260/386,
128/386, datées
de décembre
1914 sont envoyées à Mondette et
aussi à Baptistine, à laquelle il souhaite une bonne année mais
aussi à
laquelle il confie son désarroi : « le courrier est
irrégulier, je ne
vois personne, je ne sais quoi vous dire… » La guerre
a été déclarée le 28 aout, Raymond n’évoque pas le sujet.
384/386 28.12.1914
« Ton papa qui espère que tu auras passé un Noël et un premier de
l’an
plus gai que le sien. »
Cultivez votre jardin… C’est
la deuxième
série des courriers remarquables annoncés.
29/386 pas de date : cette carte postale porte
un 2) ; c’est
la suite d’un message dont je ne retrouve pas la carte postale portant
un 1) : « de
nouveau frais de pousse [pousse-pousse]
afin d’aller chercher du gibier plus loin. Au retour j’ai rencontré
dans le
train ton oncle Eugène venant de
Vinh-Yên et allant à Dap-Can où il fait une période comme
réserviste. »
C’est la
seule fois que Raymond parle de sa famille. C’est aussi la première
fois qu’il
est question de la chose militaire.
Reprenons la lettre :
« En attendant les autres légumes qui ne
sont pas
près de venir je continue à manger tous les jours des haricots verts.
Le matin,
je mange mes haricots sautés, et le soir, je fais une soupe avec l’eau
de
cuisson… ».
18/386, 20/386
15.1.1915 : « J’ai eu tout
à coup une quantité de laitues et comme elles montent en graine presque
tout de
suite on ne peut pas les conserver. J’avais beau en manger matin et
soir le
stock ne diminuait pas. J’ai pu en donner aux amis Le bep [le
jardinier] est content d’avoir ses 4 ou 5 salades tous les
jours. Pendant que je mangeais les salades, les haricots ont été
négligés je ne
pourrai plus en manger ».
149/386 31.1.1915 :
« Il fait très chaud. J’ai mangé 3 fraises magnifiques de mon
jardin. J’ai
également mangé des petits pois de mon jardin, ils ne viennent pas très
bien
faute de soin ».
En avril 1915,
trois cartes postales racontent un événement particulier : les fraises ont bien poussé. Raymond en
a fait de la confiture et en envoie 10 kg à Baptistine et Mondette. Le
faible
coût du sucre à Hanoï équilibre le prix de l’envoi : 224/386,
et 256/386,
puis 167/386
Les cartes des 13 et 19 mai 1915 sont très brèves : « mille baisers, je suis très occupé » (ce qui explique la brièveté des lettres …) ; voir 178/386, 215/386, 333/386, 235/386
Une exception à cette brièveté,
celles du 26.5.1916 qui racontent les problèmes de
lorgnon 201/386 et 206/386 :
« Ma
chère Baptistine , je n’ai pu écrire hier ayant oublié mon lorgnon,
celui que
j’ai au bureau me fatigue, et il pleuvait si fort que je n’ai pas voulu
envoyer
le planton chercher le bon lorgnon…Tu dis que la lecture te fatigue.
Est-ce que
par hasard ce ne serait pas une faiblesse de la vue (presbyte) et que
tu aurais
besoin de lorgnons ? tu devrais vérifier la chose… ».
271/386 24.6.1915
Mondette reçoit ausssi des cartes de son oncle Aimedieu.
8/386 9.12.1915 Raymond
reproche à sa fille de ne plus écrire, Mondette a 13 ans :
« ton
oncle Victorin me dit que tu lui écris assez souvent. Je ne puis en
dire autant,
2 ou 3 petites lettres en 6 mois… » ;
122/386 24.12.1915,
Noël : « mille baisers de son papa à sa petite Mondette
malgré
qu’elle ne lui écrive pas ».
36/386 En février
1916, Raymond évoque la guerre : « Je n’ai jamais
mis les
pieds dans ce théâtre mais avec la guerre je ne sais si j’en aurai
jamais
l’occasion ». Cette carte représentant le théâtre de Hanoï est
toujours
adressée impasse Rousseau.
188/386, 229/386,
218/386,
cartes datées
elles aussi de février 1916. Raymond
y parle des lettres pas assez nombreuses qu’il attend impatiemment.
Raymond
précise que c’est la dernière carte de la collection annoncée en 1914.
277/386, 271/386
Cette fois-ci, les cartes sont envoyées à Mondette par son oncle
Aimedieu en
avril et en septembre 1916 ; il n’est pas question de son
anniversaire et
pourtant le 15.9.1916, Raymonde a dix ans.
D’autres
événements ne sont pas mentionnés dans cette correspondance :
-le décès du père de Raymond, Jules, le 9.10.1916,
-le naufrage, le 11.12.1916
du paquebot Magellan, où sont embarqués le frère de Raymond,
Eugène, ainsi que sa femme et ses enfants de 7 et 4 ans.
Durant
la Grande Guerre, Raymond mobilisé comme sergent est envoyé en Chine,
d’où il
repart en 1917 avec un contingent de
travailleurs chinois qui débarquent en France en septembre 1917.
Je
n’ai trouvé aucun journal qui, durant la Grande Guerre, ait relaté les
évènements majeurs pour Eugène en 1916 et Raymond en 1917.
Mon frère Jean Yves Nerzic relate les tribulations de Eugène, de sa
femme et de
ses deux fils de 4 et 7 ans sur le paquebot des Messageries Maritimes
le
Magellan, dans son ouvrage : « La Grande Guerre en
Méditerranée,
l’enfer des navires de commerce » édité en 2016 par H&D.
Après
la guerre Raymond, malade, prolonge son séjour en France. Il acquiert
en 1918 à
Saint Donat, près d’Aix–en-Provence,
une propriété de 3 hectares avec maison de maître, ferme et
dépendances, et ne
rentre à Hanoï qu’en 1922.
287/386 Une carte d’Honoré Aimedieu, pour souhaiter
une bonne
année, datée du 10.12.1921 envoyée
de Tunis à sa sœur Baptistine et son beau-frère Raymond Deloustal
Quartier
Donat Aix-en-Provence.
Le 18.3.1922
Claire Amouroux, mère de Raymond, décède à Marseille.
151/386 une carte de Mondette datée du 26/5/1923, timbrée en Indochine, est
adressée à sa mère impasse Rousseau Marseille, surchargée :
Quartier Donat
Aix-en-Provence ; ainsi, à cette date, il semble que Mondette
soit au Tonkin avec son père pour la première fois.
21.2.1924 :
par arrêté,
« un congé de
convalescence de 6 mois est accordé à M. R. Deloustal,
interprête
principal du service judiciaire de
l'Indochine à partir de cette date ; il sera accompagné de sa fille Raymonde 17 ans, passage pris en compte sur le même budget ».
Mondette
revient en France avec son père.
Ainsi
pour la première fois, j’apprends que Mondette est bien allée à Hanoï
avec son
père, et que sa mère est restée à Marseille (impasse Rousseau) ou à
Aix-en-Provence (Saint Donat). Raymond et sa fille rentrent en France
début 1924.
28.1.1924 « un congé de 8 mois est accordé à M. Eugène Deloustal ingénieur géomètre, pour Cahors, autorisé à séjourner à Dinan 3 mois
avant de rejoindre Cahors ».
On ne connait pas la date du
départ.
Pourquoi
Eugène va-t-il à Cahors ?
Eugène et Raymond ont-ils pu se voir en
France avant le retour d’Eugène à Hanoï, étant donné la date de retour
d’Eugène ? Nous savons qu’à cette époque Eugène a fait
l’acquisition d’une
propriété proche de celle de son frère à Aix-en-Provence : Banon.
Eugène y laisse sa femme et ses trois enfants et revient seul à Hanoï.
Yvonne
habite un appartement à Aix-en-Provence où ses enfants sont scolarisés,
et
revient à Banon pendant les vacances, période durant laquelle sa sœur
Marthe
Mazier vient la voir.
Quand Eugène
est-il revenu les chercher ? On a leur retour en septembre
1925 :
Le 5.9.1925, « arrivée
sur le d'Artagnan
des fonctionnaires embarqués le 28.8.1925 pour l'Indochine :
M. Deloustal
ingénieur géomètre principal, sa femme et 3 enfants et
M. Besson
artiste-peintre ». Un
mystère sur le patronyme
Besson que nous avons déjà évoqué.
3)
De
1925 à 1933
Revenons à
Raymond Deloustal. Sa santé ne
lui permet
pas de prolonger son séjour au Tonkin, et il prendra sa retraite le 1.1.1925. Il se
fixe définitivement à Aix-en-Provence, quartier Saint Donat. Mondette
est
devenue plus indépendante ; la légende familiale dit qu’elle a
obtenu le
premier prix de piano au Conservatoire de Musique.
293/386 9.5.1924 « 9
heures, les camions [...] le
piano, ils l’ont éreinté. Mondette voudrait que tu viennes nous
chercher. Reçu
mandat ils sont en train de descendre l’escalier je me fais du mauvais
sang » [signature illisible, probablement Baptistine]. La carte, timbrée en France, tamponnée à
Marseille, est adressée à Monsieur Raymond Deloustal, quartier Donat,
Aix-en-Provence. Mondette a 18 ans.
Durant la
fin de sa vie quartier Saint Donat (Aix-en-Provence), Raymond reçoit
les cartes
postales que lui envoie sa fille : cette fois-ci, c’est elle qui
voyage,
elle a 20 ans en 1926. Elève au conservatoire, elle fait l’achat d’un
piano.
Elle confie « ses animaux » à son père.
331/386 le cachet de la poste française n’est pas
très net sur
cette carte postale de Longueville-sur-Scie (Seine Inf.) « J’ai
fait un
excellent voyage, les pêches sont arrivées en bon état et trouvées
excellentes ». A Longueville –sur-Scie, se trouve Martine
Sins, sa cousine, (décèdera en 1955 à Longueville).
337/386 1924
« Mon cher papa ne te dérange pas samedi pour venir m’attendre. Je
te
préviendrai dès que je serai fixée. Soigne bien mes animaux. Je
t’embrasse très
fort Mondette »
344/386 1925 « Ecris
quoi de neuf Pension Ste Anne, 16 avenue Chéris Grasse. J’aimerais
mieux être
chez nous, ta fille Mondette »
319/386 le cachet de la poste des bouches du Rhône
n’est pas
très net, la signature est de Mondette. La carte adressée à Monsieur R
Deloustal
quartier Donat à Aix-en-Provence. « Cher papa, je suis très
étonnée de ne
pas t’avoir encore vu. J’espère que tu viendras demain dimanche
4 #1/2 5
#. (Mondette est musicienne, elle remplace h par # !)
321/386 1927, cachet
de Rouen. Envoyée de Mondette à son père quartier Donat « le
parisien
était bien à l’arrivée ; les quais de Rouen sont moins
éblouissants que
ceux de Marseille » avec un petit complément signé M. Lisa :
« Mondette arrivée en parfait état ».
323/386 le cachet de la poste française n’est pas
très net,
la date non plus… « mon cher papa j’ai vu un poisson mort
dans le
bassin, j’ai oublié une chemisette dans la voiture je t’embrasse
tendrement
Mondette »
327/386 1928 carte
oblitérée dans les bouches du Rhône « Mon
cher papa je suis prise jeudi et vendredi Si tu veux viens mercredi ou
samedi
je t’embrasse bien tendrement Mondette ». Adressé à Monsieur
R.Deloustal
Ses
amis écrivent aussi à Raymond :
315/386 1.5.1924
le cachet de la poste française n’est pas très net, la signature
énigmatique : Juju « Angers, Tours, Bressuire,
Bergerac : nous
sommes ravis de la voiture ». S’agit-il de Juliette Deloustal sœur
de
Raymond, mariée à Marc Forsans. Elle
aurait 40 ans. Son époux un peu moins de 50 ans est administrateur des
services
civils à Ninh Binh ; ils seraient sans doute en vacances.
348/386 15.9.1925
St Tropez « Cher Monsieur, les vendanges sont en plein
mouvement…si vous
voulez venir nous voir vous nous ferez plaisir. Adolphe Gontier ».
Raymond
reçoit de nombreux messages de Gontier.
363/386 1925 poste
restante La Bourboule carte postale de Haute-Vienne. « Mon cher
Raymond
j’ai quitté Paris pour la Bouboule en faisant un beau circuit dans le
Massif-Central. Bons baisers à Mondette et à toi. Signature
inconnue :
B…ts ». Est-ce un patronyme, ou un surnom ?
341/386 1926, gare
de Pau Basses Pyrénées : « Mon cher Raymond je suis venu
passer mes
derniers jours de célibataire chez Juliette. Ils seraient ravis de te
voir.
Henri arrive vendredi prochain je serai de retour mercredi soir. Bons
baisers ».
Il s’agit peut-être de la même signature que sur la carte précédente. Juliette sœur de Raymond est mariée à Marc Forsans, famille des
Basses-Pyrénées.
325/386 22.7.1926 envoyée
de Nancy par A Gontier. « Je
croyais vous trouver à Vittel »
Raymond meurt à St Donat en
1933.
Le faire-part annonçant son
décès réunit
à Aix-en-Provence tous les descendants de l’ancêtre Louis
Deloustal :
-ceux de son premier mariage, donc les
enfants de
Jules (les frères et soeurs, beaux-frères et belles sœurs, neveux et
nièces de
Raymond)
- ceux de son second mariage :
Raymond-Louis,
Victorine et la famille de Rosalie Sins, les demi-frère et demi-sœurs
de Jules,
oncle et tantes du défunt.
Se joignent à la famille proche des cousins
et alliés
Aimedieu, Mazier, Besson, Rampal.
Les cartes
postales nous ont permis par les messages qu’elles portent au verso de
retracer
la vie de notre famille à Hanoï il y a un peu plus d’un siècle. Les
photographies au recto permettent de retrouver
l’environnement dans lequel
vivaient les Deloustal : la société annamite, les paysages ruraux, au
début du XXème siècle. Quelques-unes de
ces photos
nous ont permis d’illustrer un peu notre texte .