Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste



La correspondance de Raymond Deloustal au Tonkin

 Catherine Meste-Nerzic 

 

    J’ai eu accès à la correspondance entre mon grand-oncle Raymond Deloustal et sa fille Raymonde dite Mondette, née en 1906 à Hanoï ; cette correspondance est écrite sur cartes postales de 1905 à 1933. Mon cousin germain Alain Deloustal a hérité de la collection, et son frère, Gilles Deloustal, m’en a fait les photos recto-verso : je l’en remercie du fond du cœur. L’échange de courrier a lieu entre le Tonkin (alors protectorat français de l’actuel nord Vietnam) où Raymond est interprète au tribunal de Hanoï, et les Bouches-du-Rhône, où réside la famille de sa femme. Les lettres transportées par paquebots mettent plus d’un mois à parvenir à leur adresse.

Deux séries de cartes postales ont attiré mon attention. Les unes, de 1906 à 1909, sont écrites en chữ quốc ngữ (voir plus loin), les autres racontent les récoltes d’un jardin à Hanoï.

Pour comprendre leur singularité, il faut préciser ce qui faisait celle de Raymond Deloustal :

-en premier lieu, Raymond n’est pas seul à Hanoï : il fait partie d’une famille nombreuse,

-en second lieu, ils sont tous des voyageurs.

Je me propose dans ce texte de compléter l’histoire de Raymond par cette correspondance avec sa fille Mondette. Les cartes postales, seules, ne permettent pas de reconstituer la famille qui échange ces cartes. Il est nécessaire de compléter par des recherches dans les registres d’état civil, mais aussi par les souvenirs transmis par les descendants ; la lecture des journaux (dont les journaux officiels), contemporains de ces cartes, est également fondamentale. Des livres retracent aussi ces premiers temps de la colonisation. Une biographie de Raymond Deloustal est disponible sur Persée.

 

Les éléments généalogiques peuvent être retrouvés dans Geneanet, ainsi que d’autres informations sur la famille Deloustal sur le site http://genealogie.mestenerzic.fr, en particulier Présence des Deloustal au Tonkin, Raymond Deloustal, un français de Barcelone, et Le dernier voyage d'Eugène Deloustal.

 

Pour se retrouver dans la famille, un petit arbre succinct :


Les Deloustal



  I)     Les aventures de la famille Deloustal

 

1.   La famille de Raymond à Hanoï  

         Se retrouvent à Hanoï en 1905, à côté de Raymond Deloustal (né en 1872 à Marseille) et de sa femme Baptistine Aimedieu :

- son père, Jules Deloustal, avocat défenseur près la Cour, époux de Claire Amouroux.  On retrouve dans le journal L’avenir du Tonkin la trace de ses plaidoiries.

- son frère aîné Louis-Paul Deloustal, né à Marseille en1871, marié à Hanoï en 1898 à Marie Jeanne Heumbert, commis de comptabilité dans le service des Douanes de l’Indochine.  Il décèdera en 1907 à Marseille. Il n’a pas eu d’enfant.

- son frère cadet Eugène Deloustal, né à Tunis en 1881 ; adolescent, il a été pensionnaire en France à l’Ile-sur-la-Sorgue. Il a ensuite intégré l’Ecole des Arts et Métiers près d’Aix-en-Provence.   Devenu géomètre au Cadastre du Tonkin, Eugène se mariera à Dinan en 1908 avec Yvonne Mazier, née à Dinan. Ils auront très vite deux garçons : André en 1909, né à Hanoï, et Louis, né à Vietry en 1912. Leur fille Simone, ma mère, naîtra en 1919 à Toulouse, où Eugène participera à la Grande-Guerre dans la Poudrerie de cette ville.

- Claire-Juliette (toujours appelée Juliette), née à Tunis en 1884 ; elle épouse à Hanoï en 1905 Jean Forsans (toujours appelé Marc Forsans) commis des services civils de l’Indochine. Ils auront deux fils, Edouard et Jean, nés à Hanoï.

- Claire-Alphonsine dite Bimba née à Tunis en 1885 ; elle épouse en 1905 Emile Beausire, dont elle va divorcer en 1909 pour épouser, en 1910, un militaire : Henri Salel. Ils auront une fille : Georgette en 1915.

Mon cousin Claude Forsans me signale la présence des deux sœurs Juliette et Bimba dans le livre « Le Vieux Tonkin 1890-1894 » de Claude Bourrin : elles participent à Hanoï à une soirée, déguisées en espagnoles : elles ont un peu moins de 10 ans.

 

2.   Comment la totalité d’une fratrie de français peut-elle se retrouver au Tonkin au début du XXème siècle ? Le premier voyage est celui de Louis Deloustal.

         Le père de Jules, Louis Deloustal, est né en 1816 en France, à Carcassonne (Aude). Il part en janvier 1839, seul, de Bordeaux pour Cuba, à l’âge de 23 ans (son passeport indique qu’il est tailleur d’habits). Il épouse moins d’un an après, le 4.11.1839, Louise Derouville (ou Deronville), dont les parents viennent de Saint-Domingue. En 1841, Louis fait venir sa mère, Anne Constans à Santiago de Cuba ; son passeport la dit marchande. Louis emmène toute sa famille à Barcelone vers 1850. Il y fonde une usine de savon et obtient un prix à l’Exposition Industrielle et Artistique de Barcelone. Louise Derouville meurt en 1854, et Louis se remarie avec Jeanne Guilhaumon, près de Mirepoix. Anne Constans ne s’entendra sans doute pas avec la deuxième femme de son fils et mourra à Montpellier à l’Hospice en 1868.

Avec Jeanne Guilhaumon, Louis a trois enfants à Barcelone : Raymond-Louis, né en 1861 comme sa sœur jumelle Rosalie, et Victorine, née en 1863. Raymond restera toute sa vie à Barcelone, montant une usine à la suite de celle de son père, et restant en relation avec Jules et sa famille. Rosalie épousera un français, Emile Sins, et mourra jeune en 1924.

De Barcelone, Louis voyagera plusieurs fois vers le pays de son enfance : Chalabre, puis Mirepoix, où il se fixera à la fin de sa vie, en achetant en 1870 à Malegoude (près de Mirepoix) une propriété (Gatimel), dont le souvenir m’a été donné par son arrière-petite-fille, ma mère, Simone Deloustal.

 Louis Deloustal, l’ancêtre, y décède en décembre 1883.

 

3.   Jules, de Santiago de Cuba à Hanoï

         Jules, fils du premier mariage de Louis, né à Santiago de Cuba en 1848, suivra donc son père à Barcelone. J’ignore quel a été son périple vers Marseille, où il épouse en 1870 Claire Amouroux ; il est commis, elle est couturière et vit avec sa mère Paule Loubens, qui est veuve. Claire est aussi d’origine audoise. D’après la mémoire familiale transmise par ma mère, le couple se serait rencontré à Limoux lors des séjours de Jules à Gatimel. Je n’ai pas trouvé d’élément sur une participation de Jules à la guerre de 1870. Il semble qu’il ne participe pas au conflit. On retrouve dans les archives d’Etat Civil de Marseille le mariage et les naissances de ses deux premiers enfants : Louis-Paul et Raymond.

Quand le couple se décide-t-il à partir pour Tunis ?

En tous cas, cela a lieu avant le traité du Bardo du 12.5.1881 (qui institue le protectorat de la Tunisie par la France). Eugène naît à Tunis le 2.3.1881 ; il est déclaré au consulat d’Espagne, de père commerçant espagnol et de grand-mère française. En effet Paule Loubens a suivi sa fille, Claire Amouroux. Que fait Jules en Tunisie ?

On trouve dans le journal Le Petit Marseillais du 27.9.1882 une annonce : BONNE AFFAIRE a vendre restaurant café de la Maison Dorée s’adresser à M. DELOUSTAL à Tunis. Une annonce dans le Petit Marseillais de 1882

La tradition familiale explique que Claire et sa mère sont modistes. Deux filles naissent, cette fois-ci déclarées à l’Etat Civil français en 1884 et 1885. Après le décès de son père en 1883, Jules cède ses droits à l'héritage à Jeanne Guilhaumon, veuve de son père Louis, pour la somme de 4000 francs, le 2.2.1884. Il habite encore Tunis à cette date.

 

Et pourtant, c’est à Hanoï que parait une annonce dans L’Avenir du Tonkin du 8.10.1887 :Une annonce dans l'Avenir du Tonkin de 1887

 

Le voyage de Tunis à Hanoï est de conséquence : Deloustal défenseur : il serait donc devenu avocat pendant son séjour à Tunis ?

C’est le dernier voyage pour Jules, qui restera en Indochine jusqu’à sa mort.

C’est aussi le début d’une migration, en moyenne bisannuelle pour les membres de la famille qu’il a créée.

La mémoire familiale précise que Jules envoie à Claire Amouroux le message suivant : « Emmène tout et me rejoins ». Quel bateau ? Sans doute Paule Loubens n’est plus là. Claire et ses 5 enfants de 17, 16, 7, 4 et 3 ans arrivent au Tonkin le 26.12.1888.

C’est pour Claire la première des nombreuses traversées qu’elle effectuera lors des mariages ou des décès de ses enfants.

L’Avenir du Tonkin publie l’arrivée en Indochine 5.1.1902, par l’Eridan, de Madame Deloustal et ses deux filles. Elles reviennent de France où son fils Raymond s'est marié à Marseille le 15.11.1901 avec Baptistine Aimedieu.

 

La mémoire familiale nous apprend que c’est Claire qui fit construire dans le cimetière St Pierre de Marseille, le tombeau des Deloustal, à la suite du décès de son fils ainé Louis-Paul, en 1907 à l’âge de 35 ans. Malgré leurs décès ailleurs en France et jusqu’à aujourd’hui, d’autres membres de la famille rejoindront Louis-Paul après leurs morts au cimetière St Pierre.

 

  II)  La vie de Raymond Deloustal à travers sa correspondance

         Raymond, lui aussi, est un migrateur : de Marseille, Hong-Kong et Hanoï, à Marseille et Aix-en-Provence, c’est toute une correspondance entre la France et le Tonkin. Notons que les expatriés ont droit tous les deux ans à un retour en France ; un congé, de 6 mois en général, leur permet de retrouver leur famille au prix de deux mois de traversée, aller-retour.

Raymond, né à Marseille le 4.12.1872, a déjà traversé la Méditerranée avec son père pour rejoindre la Tunisie. L’a-t-il fait ensuite à nouveau (et peut-être plusieurs fois) pour revoir son grand-père à Mirepoix ? Il finit ses études à Hong Kong. La tradition familiale ne dit pas s’il est parti de Tunis pour Hong Kong avant l’arrivée de sa mère à Hanoï. On peut souligner son aisance à passer du français et de l’espagnol (et peut-être l’arabe et l’occitan) à l’anglais.

Abordons enfin le sujet principal de ce texte :  les cartes postales. Parmi elles, les soixante-dix mentionnées ici sont présentées chronologiquement, leurs références sont surlignées en jaune, et des liens conduisent à ces images.

 

1)    De 1892 à 1901

 

Il entre dans l’administration à 20 ans, le 1.5.1892, en qualité de commis greffier à Hanoï, et accomplit son service militaire en 1893. Il obtient des diplômes pour sa connaissance de l’annamite, des caractères chinois et du cantonnais.

 

J’ai trouvé la trace dans différents journaux des traversées des Deloustal. Le plus souvent il s’agit soit d’un retour de France soit d’un départ vers la France ; on peut en déduire le reste.

 

-Le Bulletin Officiel de l’Indochine Française publie le 24.3.1894 : « …un passage à titre remboursable à destination de la France est accordé à M. Eugène Deloustal ; il prendra passage à la 6ème table à bord du transport de l'Etat La Nive après avoir justifié du paiement préalable du prix de sa traversée ». A cette date Eugène, frère cadet de Raymond, a 13 ans. Il fait ses études à l’Isle-sur-la-Sorgue où il est pensionnaire et ne retrouve sa famille qu’une fois par an.

 

-L’Avenir du Tonkin du 1.6.1898 publie l’annonce du « congé de convalescence de 3 mois accordé à M. Deloustal commis de comptabilité de 2ème classe ; il est autorisé à faire usage des eaux de Vichy pendant la deuxième saison ». Le frère ainé de Raymond, Louis-Paul, s’était marié le 22.5.1898.

 

-On trouve aussi publié par Le Phare des Charentes du 4.12.1898 : « M. Deloustal commis de comptabilité de 2ème classe, embarque à Marseille pour le Tonkin ». Louis-Paul était donc parti pour la France ; était-il parti avec sa femme ?

 

-L’Avenir du Tonkin du 17.8.1898 donne « le retour de M. Deloustal, commis greffier venant de Marseille sur la Tamise, le 15.8.1898 à Haïphong ». Quand Raymond était-il parti ?  

 

La Justice dans l'Ancien Annam, de Raymond Deloustal
Raymond sera interprète dans le service judiciaire de l’Indochine à partir de 1905. Sa maîtrise des langues asiatiques a permis à Raymond de traduire le code des Lê c’est-à-dire le code pénal de l’ancienne dynastie du Vietnam [A lire absolument et comparer à nos moeurs actuelles !]. Il publie son travail au fur et à mesure de sa traduction, pendant 14 ans, dans le Bulletin de l’Ecole des Langues Orientales. Il n’a pas attendu la fin de ce travail pour le publier, et n’a donc pas pu reprendre certains passages. Ceci a entraîné les erreurs que des spécialistes actuels ont pu relever. Néanmoins, la connaissance de ce texte a été très utile à l’administration judiciaire française qui appliquait le code des Nguyen, copié sur le droit chinois. Aujourd’hui, cela a permis de redonner aux femmes des droits qu’elles possédaient dans l’ancien Annam et qui leur avaient été retirés.  [Voir l’article de Nguyen Ngoc Huy dans le bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient année 1980, 67, pp147-220].

 

  2)    De 1901 à 1908

Raymond a 29 ans, il est reconnu pour sa compétence, il est temps de se marier. Comment a-t-il fait la connaissance de sa future femme Baptistine à Marseille et non à Hanoï ?

- Le 1.5.1901 un « congé de convalescence de 6 mois est accordé, à solde entière, pour en jouir à Mirepoix, à M. Deloustal commis greffier de 1ère classe au service judiciaire de l'Indochine » [Bulletin Administratif du Tonkin 1901]. Que, ou qui, retrouve-t-il à Mirepoix ? Son grand-père Louis y est mort en 1883. S’agit-il de Mirepoix, ou plutôt de la propriété de Gatimel, où réside la deuxième femme de son grand-père, Jeanne Guilhaumon ?

Jeanne a sans doute été une bonne belle-mère pour Jules, orphelin à 8 ans. Elle aura été aussi une bonne belle-grand-mère pour les enfants de Jules. La mémoire familiale raconte ces voyages à Gatimel, en « patache », depuis Mirepoix. L’Occitanie reste dans le cœur des lointains expatriés.

- De Raymond encore : le 8.4.1902, il arrive à Haïphong, revenant de Marseille, avec sa femme Baptistine, sur le paquebot Manche [l'Avenir du Tonkin, 12.4.1902]. Le mariage a eu lieu le 15.11.1901 à Marseille.

 Le congé de convalescence a été bien employé : parti pour Mirepoix, Raymond revient, marié, de Marseille ! la saga familiale ne donne pas d’explication.

 

Dans la période qui suit, arrivent en 1902 et 1903 la naissance puis le décès à Hanoï de son premier fils Maurice. Raymond et Baptistine décident que le prochain enfant naîtra à Marseille. Quand a lieu le retour vers la France ? Cette fois-ci les cartes postales complètent les autres sources pour suivre les déplacements de la famille.

-La carte postale datée du 2.7.1904 est écrite par Raymond depuis Hanoï à son beau-père, M. Aimedieu, Bd des Dames à Marseille : « dites à Baptistine… » ; sa femme est en France, enceinte de 3 mois. 145/386

-Le 1er mars 1905, « un congé de 6 mois est accordé à M. Deloustal, interprète principal du service judiciaire, pour en jouir à Marseille et à Paris » [L’avenir du Tonkin 1.3.1905]. Le deuxième fils, aussi appelé Maurice, est né le 10 janvier 1905 : je pense que Raymond est parti avant mars !

-Autre carte, datée du 2.7.1905, adressée à M. Aimedieu, Bd des Dames, depuis Hanoï par Raymond : son fils né en janvier a 5 mois et demi. Toute la famille est déjà de retour à Hanoï. 137/386

-Baptistine a déjà quitté la France lorsque la carte postale du 20.1.1905 lui est adressée de Toulon par leur ami B. Jouan. 335/386 

A Hanoï, Raymond a participé à la mise en place de l’usage du chữ quốc ngữ (voir quôc ngu dans le Larousse).

Wikipedia explique : « l'écriture actuelle du Viêt Nam a remplacé d'anciennes écritures . Même si l'initiative de cette réforme revint aux autorités coloniales, l'adoption du chữ quốc ngữ fut bien accueillie par les milieux nationalistes vietnamiens, dans la mesure où il constituait un vecteur d'unification, y compris face au colonisateur, entre des populations indigènes dont les idiomes étaient différents jusque-là. Plus simple à apprendre que l'écriture vietnamienne traditionnelle, qui nécessitait un apprentissage préalable du chinois, le chữ quốc ngữ a été un outil de démocratisation de l'éducation. Il est l'écriture officielle des administrations vietnamiennes depuis 1954 avec l'indépendance du pays par rapport à la France (durant la période de la colonisation française, le chinois avait été conservé dans son statut de langue officielle de l'administration impériale). »  

 Il y a ensuite la naissance de Mondette, le 15.9.1906 à Hanoï. 

-Le 1er mars 1907, Paul … écrit à sa chère amie Madame Deloustal, Bd Gambetta à Hanoï, pour prendre des nouvelles des deux poupons (Maurice 2 ans et Mondette 5 mois). La carte est postée de Colombo. Qui est Paul ? 297/386

-datée du 18. 4. 1907, une carte postée de Saïgon par Claire et Milou, envoie « une caresse aux petits ». S’agit-il de Claire et Emile ? Emile Beausire est le 1er mari de Bimba, ils se sont marié le 30.1.1905 71/386

-une autre carte postée de Ceylan est signée Claire et Emile (date peu lisible).

-encore une carte timbrée en Indochine adressée le 5.5.1907 à Madame Deloustal 43 Bd Gambetta à Hanoï « je suis navrée de ne pas vous avoir vue à la gare » 232/386

-enfin du 14.5.1907, adressée à Raymond, « le voyage touche à sa fin nous sommes dans le canal de Suez » signé Claire. 285/386

C’est l’habitude le long de ces traversées d’envoyer des nouvelles à chaque escale.

 

Suivent deux années sans cartes postales. Les décès le 30.4.1907 à Marseille de Louis-Paul Deloustal (frère aîné de Raymond), et celui à Hanoï de Maurice Deloustal (second fils de Raymond), le 12.11.1907, expliquent bien des choses.

Je n’ai pas retrouvé d’annonces de traversée, bien que Claire Amouroux se soit très certainement rendue à Marseille pour le décès de son fils aîné.

Le 30.6. 1908, Eugène Deloustal, frère cadet de Raymond, se marie à Dinan.

On trouve dans le Journal Officiel du Tonkin : « par arrêté du 17.1.1908 un congé administratif de 7 mois est accordé à M. Deloustal géomètre de 4ème classe au Tonkin à partir de la 1ère quinzaine de février 1908 ».

 

3)    De 1908 à 1910

Les cartes postales suivantes sont écrites par Raymond, de Hanoï, à sa femme et à sa fille à Marseille. Raymond a donc installé à Marseille sa femme et sa fille puis est revenu au Tonkin. Il s’agit des cartes postales écrites en chữ quốc ngữ dont il est question tout au début.

Raymond travaille donc à Hanoï et sa femme et sa fille sont à Marseille. Les cartes suivantes sont adressées par Raymond à Mademoiselle Raymonde Deloustal chez sa maman. Ces cartes ne sont ni timbrées ni oblitérées. Elles sont écrites en chữ quốc ngữ. Mon fils Gilles Meste a pu en faire traduire quelques-unes.

-91/386 La carte postale représente les balançoires au jardin public :  le message est « te souviens-tu quand tu jouais à la balançoire ? si tu n’es pas en forme tu ne dois pas faire de bêtise sinon quand je rentre papa ne t’aime pas ».

Les balançoires au jardin public

-139/386 La carte représente trois jeunes filles annamites : « Là-bas il y a Mlle Hang Mlle Ba et Mlle Nam assises en train de boire du thé, es-tu sage ? tu me manques beaucoup si tu fais des bêtises, papa ne jouera pas avec toi ». L’adresse portée sur la carte est la suivante : Mademoiselle Mondette Deloustal chez sa maman, adresse inconnue, en voyage

-157/386 Cette fois ci la carte timbrée est envoyée du Tonkin en septembre 1909. La carte postale représente un éléphant : « Papa t’envoie un éléphant tu dois dire à maman de te donner un sou pour acheter une banane pour l’éléphant maman me dit que tu manges trop puis tu as mal au ventre je t’embrasse » Mondette habite chez son grand-père 83 rue de la République à Marseille

-183/386 La carte postale représente un marchand tenant un panier avec des lapins « aujourd’hui achètes-tu le poulet ou le canard on te les vends à 3 sous chacun »

A chaque fois apparait une formule : « agenouille toi pour rendre hommage à papa et maman » formule sur laquelle on peut s’interroger.

Mondette à cette date a trois ans : elle ne peut pas lire. Et par ailleurs sa mère Baptistine ne connait pas l’annamite.

-186/386, 269/386 et 175/386 trois cartes, certaines timbrées et oblitérées à Hanoï, en chữ quốc ngữ, datées de 2.12.1909 et 23.12.1909 n’ont pas encore été traduites.

De la même époque :

-Deux cartes postales écrites par Raymond, timbrées en Indochine et adressée le 2.7.1909 à M. Aimedieu Bd des Dames à Marseille avec mention l’une « à Madame » l’autre « à Julie »

-Le 10.11.1909 Raymond écrit de Hanoï à Madame Raymond Deloustal 118 rue de la république à Marseille « j’ai tellement peur de manquer le courrier que je vais au renseignement 3 ou 4 fois par jour »257/386.

Ces 7 lettres en chữ quốc ngữ pour une petite fille de 3-4 ans et sa mère qui ne connait pas l’annamite restent incompréhensibles.

 Transport de cochons sur brouette à Hanoï

Ce sont enfin les vacances en France pour Raymond. Il a en principe 6 mois de congé.

On trouve dans La dépêche coloniale du 25.4.1910 : « 6 mois de congé à M.Deloustal, interprète », mais je n’ai pas les dates effectives ni le nom du paquebot.

 Il écrit à Mondette à chaque escale comme toujours :

246/386 Colombo 27.2.1910 « à bientôt petite chérie »

283/386 Port-Saïd « enfin c’est la fin » 8.3.1910

244/386 Port-Said « mille baisers » 8.3.1910

Ces cartes sont adressées à Mondette chez son grand père M. Aimedieu 83, rue de la République à Marseille.

 

4)    De 1910 à 1914

Sa maîtrise de l’annamite permet à Raymond d’être nommé professeur titulaire de la chaire d’annamite à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes à Paris de 1910 à 1914. Il habite alors en France à Fontenay-sous-Bois, 6 rue Emile Roux. La Dépêche Coloniale et d’autres journaux nous donnent des jalons de cet épisode.

-309/386 27.9.1911 cette carte postale est adressée à Monsieur et Madame Deloustal, et signée : ton cousin Besson. Les initiales sont artistiquement enlacées : cela pourrait-il être Jules Gustave ?

 

Jules Gustave Besson, né en 1868 et mort à Saïgon en1942, est un peintre français qui remporte en 1925 le prix de l’Indochine et succède à André Joyeux en tant que directeur de l’Ecole d’arts appliqués de Gia Dinh dans la banlieue de Saïgon. On retrouve actuellement ses œuvres dans des musées en France et à l’Ermitage à Saint Petersbourg.

 

Il semble plus vraisemblable qu’il s’agisse d’un membre d’une autre famille Besson, toujours présente à l’époque sur les faire-part de décès des Aimedieu et des Deloustal.

Le congé est prolongé :

-22.4.1913 « par arrêté du Gouvernement Général de l'Indochine, une prolongation d'un an de mise en disponibilité sans traitement est accordée à M. Deloustal (Raymond) interprète principal de 1ère classe à compter du 13.3.1913 (date de la mise en disponibilité de deux ans qui lui avait été accordée par arrêté du 23.5.1911) », [Bulletin Administratif du Tonkin].

 

Baptistine envoie une carte à Madame Sins, cousine de Raymond :

-76/386 « A mon retour à Marseille ma ville m’a fait l’effet d’un gros village. Quelle différence avec Paris, mais ici vive le soleil. »

Encore une énigme :

Deux cartes postales de Port-Saïd 279/386 et 281/386 sont pour l’une griffonnée, pour l’autre adressée à Madame Deloustal 6 impasse Rousseau Marseille France. Le message paraît écrit par une petite fille de 5-6 ans à qui l’on a donné quelques modèles. : « ma cher maman je ……..le moi prochain je t’aime de tou mon coereu bon beser ».

Ne serait-ce pas un travail fait avec son papa avant son départ, sur ces cartes postales achetées en nombre aux escale ? Pour apprendre à écrire des cartes postales au voyageur qui va les quitter.

Pas de date, mais l’écriture est révélatrice de l’âge...

 


2)    De 1914 à 1925

Mais Raymond doit reprendre son poste au Tonkin.

De retour à Hanoï, il est promu interprète principal du service judiciaire de l’Indochine. De nombreuses cartes postales sont écrites à Mondette, 8 ans, et adressées impasse Rousseau, Marseille. La première carte correspond au voyage de retour à Hanoï après 4 ans en France.

- 267/386 et 295/386, 31.1.1914 de Djibouti : « j’ai été bien peiné de ne pas t’avoir à bord avec moi pour le jour de mon départ. S’il avait fait aussi chaud à Marseille ce jour-là qu’il fait chaud ici en ce moment tu aurais pu sortir sans crainte pour ton vilain rhume. Si tu pouvais m’envoyer un peu de neige je t’enverrais du soleil et ainsi nous serions tous contents »

Une fois de plus Raymond laisse en France sa femme et sa fille.

299/386 9.2.1914 de Ceylan, et 14/386 21.2.1914 de Saïgon : ces cartes sont envoyées comme c’est l’habitude depuis les principales escales de retour au Tonkin. Raymond avait donc pu passer Noël 1913 en famille.

 

Par la suite, toutes les cartes de 1914, 1915, 1916, soit une trentaine de messages, sont adressées à Mondette, impasse Rousseau à Marseille ; aucune n’évoque la guerre en cours. Le père et sa fille de 8, 9, 10 ans sont séparés :

22/386 26.11.1914 : « j’ai acheté 100 cartes postales pour constituer une collection de souvenirs de ce pays. Je t’écrirai sur ces cartes ; il faudra les mettre soigneusement de côté. » Les cartes postales sont celles de la collection P. Dieulefils, photographe de Hanoï. La carte du 26.11.1914 porte le n°1 de la collection :

Première carte de la collection Dieulefils au Tonkin

Les cartes 48/386, 34/386, 260/386, 128/386, datées de décembre 1914 sont envoyées à Mondette et aussi à Baptistine, à laquelle il souhaite une bonne année mais aussi à laquelle il confie son désarroi : « le courrier est irrégulier, je ne vois personne, je ne sais quoi vous dire… » La guerre a été déclarée le 28 aout, Raymond n’évoque pas le sujet.

384/386 28.12.1914 « Ton papa qui espère que tu auras passé un Noël et un premier de l’an plus gai que le sien. »

 

Cultivez votre jardin… C’est la deuxième série des courriers remarquables annoncés.

29/386 pas de date : cette carte postale porte un 2) ; c’est la suite d’un message dont je ne retrouve pas la carte postale portant un 1) : « de nouveau frais de pousse [pousse-pousse] afin d’aller chercher du gibier plus loin. Au retour j’ai rencontré dans le train ton oncle Eugène venant de Vinh-Yên et allant à Dap-Can où il fait une période comme réserviste. »

C’est la seule fois que Raymond parle de sa famille. C’est aussi la première fois qu’il est question de la chose militaire. Reprenons la lettre :

« En attendant les autres légumes qui ne sont pas près de venir je continue à manger tous les jours des haricots verts. Le matin, je mange mes haricots sautés, et le soir, je fais une soupe avec l’eau de cuisson… ».

18/386, 20/386 15.1.1915 : « J’ai eu tout à coup une quantité de laitues et comme elles montent en graine presque tout de suite on ne peut pas les conserver. J’avais beau en manger matin et soir le stock ne diminuait pas. J’ai pu en donner aux amis Le bep [le jardinier] est content d’avoir ses 4 ou 5 salades tous les jours. Pendant que je mangeais les salades, les haricots ont été négligés je ne pourrai plus en manger ».

149/386 31.1.1915 : « Il fait très chaud. J’ai mangé 3 fraises magnifiques de mon jardin. J’ai également mangé des petits pois de mon jardin, ils ne viennent pas très bien faute de soin ».

En avril 1915, trois cartes postales racontent un événement particulier : les fraises ont bien poussé. Raymond en a fait de la confiture et en envoie 10 kg à Baptistine et Mondette. Le faible coût du sucre à Hanoï équilibre le prix de l’envoi : 224/386, et 256/386, puis 167/386

 

 Les cartes des 13 et 19 mai 1915 sont très brèves : « mille baisers, je suis très occupé » (ce qui explique la brièveté des lettres …) ; voir 178/386215/386, 333/386, 235/386


Tramway et pousse-pousse à HanoïUne exception à cette brièveté, celles du 26.5.1916 qui racontent les problèmes de lorgnon 201/386 et 206/386 : « Ma chère Baptistine , je n’ai pu écrire hier ayant oublié mon lorgnon, celui que j’ai au bureau me fatigue, et il pleuvait si fort que je n’ai pas voulu envoyer le planton chercher le bon lorgnon…Tu dis que la lecture te fatigue. Est-ce que par hasard ce ne serait pas une faiblesse de la vue (presbyte) et que tu aurais besoin de lorgnons ? tu devrais vérifier la chose… ».

271/386 24.6.1915 Mondette reçoit ausssi des cartes de son oncle Aimedieu.

8/386 9.12.1915 Raymond reproche à sa fille de ne plus écrire, Mondette a 13 ans : « ton oncle Victorin me dit que tu lui écris assez souvent. Je ne puis en dire autant, 2 ou 3 petites lettres en 6 mois… » ;

122/386 24.12.1915, Noël : « mille baisers de son papa à sa petite Mondette malgré qu’elle ne lui écrive pas ».

36/386 En février 1916, Raymond évoque la guerre : « Je n’ai jamais mis les pieds dans ce théâtre mais avec la guerre je ne sais si j’en aurai jamais l’occasion ». Cette carte représentant le théâtre de Hanoï est toujours adressée impasse Rousseau.

188/386, 229/386, 218/386, cartes datées elles aussi de février 1916. Raymond y parle des lettres pas assez nombreuses qu’il attend impatiemment. Raymond précise que c’est la dernière carte de la collection annoncée en 1914.

277/386, 271/386 Cette fois-ci, les cartes sont envoyées à Mondette par son oncle Aimedieu en avril et en septembre 1916 ; il n’est pas question de son anniversaire et pourtant le 15.9.1916, Raymonde a dix ans.

D’autres événements ne sont pas mentionnés dans cette correspondance :

-le décès du père de Raymond, Jules, le 9.10.1916,  

-le naufrage, le 11.12.1916 du paquebot Magellan, où sont embarqués le frère de Raymond, Eugène, ainsi que sa femme et ses enfants de 7 et 4 ans.

Durant la Grande Guerre, Raymond mobilisé comme sergent est envoyé en Chine, d’où il repart en 1917 avec un contingent de travailleurs chinois qui débarquent en France en septembre 1917.

Je n’ai trouvé aucun journal qui, durant la Grande Guerre, ait relaté les évènements majeurs pour Eugène en 1916 et Raymond en 1917. Mon frère Jean Yves Nerzic relate les tribulations de Eugène, de sa femme et de ses deux fils de 4 et 7 ans sur le paquebot des Messageries Maritimes le Magellan, dans son ouvrage : « La Grande Guerre en Méditerranée, l’enfer des navires de commerce » édité en 2016 par H&D. 

 

Après la guerre Raymond, malade, prolonge son séjour en France. Il acquiert en 1918 à Saint Donat, près d’Aix–en-Provence, une propriété de 3 hectares avec maison de maître, ferme et dépendances, et ne rentre à Hanoï qu’en 1922.

287/386 Une carte d’Honoré Aimedieu, pour souhaiter une bonne année, datée du 10.12.1921 envoyée de Tunis à sa sœur Baptistine et son beau-frère Raymond Deloustal Quartier Donat Aix-en-Provence.

Le 18.3.1922 Claire Amouroux, mère de Raymond, décède à Marseille.

151/386 une carte de Mondette datée du 26/5/1923, timbrée en Indochine, est adressée à sa mère impasse Rousseau Marseille, surchargée : Quartier Donat Aix-en-Provence ; ainsi, à cette date, il semble que Mondette soit au Tonkin avec son père pour la première fois.

21.2.1924 : par arrêté, « un congé de convalescence de 6 mois est accordé à M. R. Deloustal,  interprête principal du service judiciaire de l'Indochine à partir de cette date ; il sera accompagné de sa fille Raymonde 17 ans, passage pris en compte sur le même budget ».  Mondette revient en France avec son père.

Ainsi pour la première fois, j’apprends que Mondette est bien allée à Hanoï avec son père, et que sa mère est restée à Marseille (impasse Rousseau) ou à Aix-en-Provence (Saint Donat). Raymond et sa fille rentrent en France début 1924.

 

28.1.1924 « un congé de 8 mois est accordé à M. Eugène Deloustal ingénieur géomètre, pour Cahors, autorisé à séjourner à Dinan 3 mois avant de rejoindre Cahors ». On ne connait pas la date du départ.

Pourquoi Eugène va-t-il à Cahors ?

Eugène et Raymond ont-ils pu se voir en France avant le retour d’Eugène à Hanoï, étant donné la date de retour d’Eugène ? Nous savons qu’à cette époque Eugène a fait l’acquisition d’une propriété proche de celle de son frère à Aix-en-Provence :  Banon. Eugène y laisse sa femme et ses trois enfants et revient seul à Hanoï. Yvonne habite un appartement à Aix-en-Provence où ses enfants sont scolarisés, et revient à Banon pendant les vacances, période durant laquelle sa sœur Marthe Mazier vient la voir.

 Quand Eugène est-il revenu les chercher ? On a leur retour en septembre 1925 :

Le 5.9.1925, « arrivée sur le d'Artagnan des fonctionnaires embarqués le 28.8.1925 pour l'Indochine : M. Deloustal ingénieur géomètre principal, sa femme et 3 enfants et M. Besson artiste-peintre ». Un mystère sur le patronyme Besson que nous avons déjà évoqué.

 

 

3)    De 1925 à 1933

 

Revenons à Raymond Deloustal. Sa santé ne lui permet pas de prolonger son séjour au Tonkin, et il prendra sa retraite le 1.1.1925. Il se fixe définitivement à Aix-en-Provence, quartier Saint Donat. Mondette est devenue plus indépendante ; la légende familiale dit qu’elle a obtenu le premier prix de piano au Conservatoire de Musique.

 

293/386 9.5.1924 « 9 heures, les camions [...] le piano, ils l’ont éreinté. Mondette voudrait que tu viennes nous chercher. Reçu mandat ils sont en train de descendre l’escalier je me fais du mauvais sang » [signature illisible, probablement Baptistine].  La carte, timbrée en France, tamponnée à Marseille, est adressée à Monsieur Raymond Deloustal, quartier Donat, Aix-en-Provence.  Mondette a 18 ans.

 

Durant la fin de sa vie quartier Saint Donat (Aix-en-Provence), Raymond reçoit les cartes postales que lui envoie sa fille : cette fois-ci, c’est elle qui voyage, elle a 20 ans en 1926. Elève au conservatoire, elle fait l’achat d’un piano. Elle confie « ses animaux » à son père.

 

331/386 le cachet de la poste française n’est pas très net sur cette carte postale de Longueville-sur-Scie (Seine Inf.) « J’ai fait un excellent voyage, les pêches sont arrivées en bon état et trouvées excellentes ». A Longueville –sur-Scie, se trouve Martine Sins, sa cousine, (décèdera en 1955 à Longueville).

337/386 1924 « Mon cher papa ne te dérange pas samedi pour venir m’attendre. Je te préviendrai dès que je serai fixée. Soigne bien mes animaux. Je t’embrasse très fort Mondette »

344/386 1925 « Ecris quoi de neuf Pension Ste Anne, 16 avenue Chéris Grasse. J’aimerais mieux être chez nous, ta fille Mondette »

319/386 le cachet de la poste des bouches du Rhône n’est pas très net, la signature est de Mondette. La carte adressée à Monsieur R Deloustal quartier Donat à Aix-en-Provence. « Cher papa, je suis très étonnée de ne pas t’avoir encore vu. J’espère que tu viendras demain dimanche 4 #1/2 5 #. (Mondette est musicienne, elle remplace h par # !)

321/386 1927, cachet de Rouen. Envoyée de Mondette à son père quartier Donat « le parisien était bien à l’arrivée ; les quais de Rouen sont moins éblouissants que ceux de Marseille » avec un petit complément signé M. Lisa : « Mondette arrivée en parfait état ».

323/386 le cachet de la poste française n’est pas très net, la date non plus… « mon cher papa j’ai vu un poisson mort dans le bassin, j’ai oublié une chemisette dans la voiture je t’embrasse tendrement Mondette »

327/386 1928 carte oblitérée dans les bouches du Rhône « Mon cher papa je suis prise jeudi et vendredi Si tu veux viens mercredi ou samedi je t’embrasse bien tendrement Mondette ». Adressé à Monsieur R.Deloustal

 

Ses amis écrivent aussi à Raymond :

315/386 1.5.1924 le cachet de la poste française n’est pas très net, la signature énigmatique : Juju « Angers, Tours, Bressuire, Bergerac : nous sommes ravis de la voiture ». S’agit-il de Juliette Deloustal sœur de Raymond, mariée à Marc Forsans. Elle aurait 40 ans. Son époux un peu moins de 50 ans est administrateur des services civils à Ninh Binh ; ils seraient sans doute en vacances.

348/386 15.9.1925 St Tropez « Cher Monsieur, les vendanges sont en plein mouvement…si vous voulez venir nous voir vous nous ferez plaisir. Adolphe Gontier ». Raymond reçoit de nombreux messages de Gontier.

363/386 1925 poste restante La Bourboule carte postale de Haute-Vienne. « Mon cher Raymond j’ai quitté Paris pour la Bouboule en faisant un beau circuit dans le Massif-Central. Bons baisers à Mondette et à toi. Signature inconnue : B…ts ». Est-ce un patronyme, ou un surnom ?

341/386 1926, gare de Pau Basses Pyrénées : « Mon cher Raymond je suis venu passer mes derniers jours de célibataire chez Juliette. Ils seraient ravis de te voir. Henri arrive vendredi prochain je serai de retour mercredi soir. Bons baisers ». Il s’agit peut-être de la même signature que sur la carte précédente.  Juliette sœur de Raymond est mariée à Marc Forsans, famille des Basses-Pyrénées.

325/386 22.7.1926 envoyée de Nancy par A Gontier. « Je croyais vous trouver à Vittel »

 

Raymond meurt à St Donat en 1933.


Le faire-part annonçant son décès réunit à Aix-en-Provence tous les descendants de l’ancêtre Louis Deloustal :  

-ceux de son premier mariage, donc les enfants de Jules (les frères et soeurs, beaux-frères et belles sœurs, neveux et nièces de Faire-part du décès de Raymond Deloustal (1933) Raymond) 

- ceux de son second mariage : Raymond-Louis, Victorine et la famille de Rosalie Sins, les demi-frère et demi-sœurs de Jules, oncle et tantes du défunt.

Se joignent à la famille proche des cousins et alliés Aimedieu, Mazier, Besson, Rampal.


 

 

Les cartes postales nous ont permis par les messages qu’elles portent au verso de retracer la vie de notre famille à Hanoï il y a un peu plus d’un siècle. Les photographies au recto permettent de retrouver l’environnement dans lequel vivaient les Deloustal : la société annamite, les paysages ruraux, au début du XXème siècle.  Quelques-unes de ces photos nous ont permis d’illustrer un peu notre texte .

 

 

 

Rizière au Tonkin vers 1900




 

 









 

Auteur : Catherine Meste-Nerzic.      Pages réalisées avec Kompozer.